C'est un club sans grands moyens, mais bien ancré dans sa ville : Mostaganem. Il reste encore à cette cité respirant de la mer et sentant le jasmin un pan de goût et d'humanité que le béton et la cupidité arriviste n'ont pas encore pris comme c'est le cas dans la majorité de nos villes.
Il y a encore des platanes et quelques terrasses et ces visages qui chassent l'angoisse à coups de sourire des grands seigneurs. Mostaganem n'a peut-être pas un grand club de foot, mais elle a eu Khedda, Sirat et Kaki. Elle a toujours El Ichara et Bouadjadj, Salamandre et Stidia. «Mosta».
Mosta résiste à la bêtise sans totalement se mettre à l'abri de l'agression. Connue pour son théâtre et ses plages, c'est son équipe de foot qui fait parler d'elle.
C'est un club sans grande prétention, ni moyens, mais il lui arrive de rêver de titres de gloire. Il paraît que cette année pourrait être la bonne. Rien n'a vraiment changé dans ce club qui n'a attiré ni nouvelles stars ni sponsors, mais on a tellement bien entamé la saison qu'on se surprend avec la tête dans les étoiles.
Accéder à l'élite pour ce club qui n'a que son ancrage aurait été un beau pied au derrière des certitudes arrogantes de l'argent, mais les miracles se font de plus en plus rares dans cette jungle impitoyablement compartimentée qu'est le foot. Mais rien n'empêche de rêver.
Un début de saison inespéré et l'appétit qui vient toujours en mangeant peuvent toujours bousculer l'ordre des choses. C'est dans cette euphorie que le club de Mosta a débarqué à Alger, les pieds sur terre et le cœur assez gros pour un énième exploit. Dans ce bus brinquebalant qui a rendu l'âme aux abords de Chéraga, des jeunes footballeurs et leur encadrement passaient en revue les espoirs possibles d'une ville qui garde encore ses platanes et ses terrasses ombragées.
Puis survint la «panne». Arrivés à pied au stade avec une heure de retard et des corps déjà en sueur, ils ont été cherchés dans leurs ultimes ressources un match nul aux relents d'impossible exploit. Repartis entassés dans des «taxis collectifs», ils ne savaient pas qu'ils étaient encore loin du bout de leur peine.
Oued Fodha. Une halte dans une gargote améliorée pour un dîner d'enfer. Des repas dont il fallait négocier le prix, des mots malheureux entre un responsable du club et le gargotier, et un drame innommable. Des coups de feu et de sabre surgis de nulle part.
Deux joueurs aux membres inférieurs meurtris par le plomb et un garde matériel au crâne fondu par une lame. Tragique. On ne joue plus. Mosta descend de son nuage comme ses footballeurs sont descendus d'un bus pris d'une crise d'asthme aiguë.
On ne joue plus, mais le rêve n'est pas terminé. Mosta a toujours Kaki et Khedda, elle a même une équipe de foot encore capable de beaux coups de pied au derrière de la bêtise.
Slimane Laouari
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