lundi 31 août 2009

Les Chinois envahissent généreusement l’Entv

«Je l’ai ramené pour vous apprendre le taïshi, il est devenu Dahmane El Harrachi».
Athmane Bendaoud, "extrait du dialogue de la série Djemaï Family"

Au moment où on parle d’intégration des Chinois dans la société algérienne, voilà que ces derniers pénètrent à grand pas dans la société algérienne. Ainsi, après avoir occupé nos chantiers, nos commerces, nos rues, nos stades, voilà qu’ils débarquent sur notre petit écran, et par la même occasion dans nos foyers, durant ce mois sacré du Ramadhan. Bien sûr, ce n’est pas un film de Wu Xia Pian de Ang Lee, ni un film d’action de John Woo avec Chow Yun Fat, mais bien une série algérienne qui mêle comédie locale et société algéro-chinoise.

La série Djemaï Family a exposé pour la première fois (et ce n’est pas volontaire) dans sa série l’intégration des Chinois dans la société algérienne. Venus pour scanner le cerveau de Rezki jugé trop paresseux, She Shuan, un docteur chinois, se retrouve frappé par le sort flashé de ce dernier et adopte, depuis, le langage et les habitudes des Algérois. Alors qu’il tentait d’initier la famille Djemaï au taïshi, il se retrouve finalement transformé en Dahmane El Harrachi. Une situation comique, qui n’est pas loin de la réalité quotidienne sur le terrain, puisque le Chinois se rend même au stade pour supporter le Mouloudia et faire partie de la fameuse galerie des Chnaoua. Plus que jamais, les Chinois font partie du quotidien algérien.

Djaâfar Gacem fut le premier d’ailleurs, il y a quelques années, à inclure des comédiens chinois dans sa série Nass Mlah City, un épisode dans lequel il montre l’efficacité et le sérieux des travailleurs chinois face aux travailleurs algériens, toujours en grève. Aujourd’hui, il n’est plus le seul, plusieurs réalisateurs algériens ont introduit les Chinois dans leurs productions, pas comme des comédiens mais comme des figurants...intelligents.

C’est le cas notamment dans le film de Nadir Moknache, Délice Paloma, ou encore dans la série de Mohamed Sahraoui, El F’hama. Aujourd’hui, les Chinois qui sont plus de 30.000 en Algérie, sont sollicités, pour quelques dinars de plus, pour travailler dans des productions audiovisuelles nationales en tant que comédiens à part entière. La série loufoque et bien réussie Caméra Chorba a même recruté deux comédiens à plein temps et leurs noms apparaissent en mandarin dans le générique.

Mais la meilleure intégration des Chinois est perceptible dans l’épisode de la série Djemaï Family où le comédien chinois s’exprime en arabe dialectal, avec un soupçon d’oriental. Un comédien chinois qu’on est sûr de retrouver à l’avenir, puisqu’il sera appelé à interpréter d’autres rôles à la Télévision algérienne.

Cet épisode de Shi Shuan illustre aussi la générosité du peuple chinois et surtout son intégration facile dans la société algérienne, avec qui il ne possède pourtant ni passé colonial ou historique, ni diversité culturelle ou linguistique. Il est certain que cet épisode prochinois s’inspire de la culture générale de l’auteur et réalisateur Djaâfar Gacem qui, avec le portrait de l’Algéro-Américain Souaïli, de la famille indoue de Djemaï et bientôt avec la parodie des films turcs, sera incontestablement le plus créatif des producteurs audiovisuels en Algérie.

Amira SOLTANE

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