samedi 29 août 2009

La politique, c’est pas que pour les vieux

D’un côté, un règne gérontocratique absolu. De l’autre, les fameux 75% de jeunes Algériens. Match inégal ? Pas si sûr à voir de près cette nouvelle génération qui s’investit en politique, même si cette dernière a été décrédibilisée par le régime. D’horizons divers, engagés dans des combats idéologiques différents, les jeunes militants que nous avons rencontrés affichent pourtant le même but : le changement !

« Nous ne sommes pas ici pour les vacances », nous déclare d’emblée Kamal Khelass, 25 ans, étudiant et militant du FFS, rencontré en marge du séminaire de formation tenu par le Front des forces socialistes (FFS), les 18 et 19 août à Souk El Thnine, dans la wilaya de Bejaïa. Une centaine de jeunes militants du parti prennent part à ce rendez-vous politique.

Mais aussi de simples sympathisants, à l’exemple de Boubekeur Boutalas, 20 ans, de la wilaya de Mascara qui dit « vouloir adhérer au plus vite au FFS ». Le thème retenu pour la rencontre est « L’université algérienne ». Les interventions des jeunes militants n’ont rien à envier à celles des conférenciers : pertinence, précision et structuration sont leurs idées. Pour tribune, ils n’ont que des chaises installées en plein air, dans un camping. « Je sais que cela n’a rien à voir avec les chalets du Club des Pins. Le plus important pour nous est de débattre des problèmes de l’université », confie Fouzi, un autre jeune militant du FFS.

Parallèlement, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) organise un séminaire de formation pour les jeunes à Azzefoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ainsi, après l’hémorragie et les mouvements de dissidence qu’ont connus les partis politiques algériens, voilà que les laboratoires politiques ont peut-être trouvé le remède à leur malaise.

Sur l’ordonnance de nos partis politiques « alités », un seul médicament prescrit : le rajeunissement des cellules. Depuis le début de l’année, nous assistons à un regain d’intérêt particulier porté envers la jeunesse, où les écoles, les séminaires de formation pour les jeunes se multiplient. Un nouveau concept qui remplace désormais les traditionnelles universités d’été. « Les formations politiques ont délaissé cette frange de la société depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, car les intérêts personnels avaient, de tout temps, primé sur l’intérêt général. La jeunesse devrait être le centre de l’attention de toutes les politiques menées jusqu’à maintenant.

Les législatives de 2007 sont la meilleure démonstration de l’échec de tout un régime fondé sur un système rentier, où les partis politiques, toutes tendances confondues, ont une grosse part de responsabilité. Les véritables statistiques de ces élections (non publiées) démontrent que les jeunes ont boudé les urnes "massivement" … », analyse un politologue sous couvert de l’anonymat, pour une simple raison : la détention d’une copie de ces fameuses statistiques.

Et de poursuivre : « C’est tout à fait légitime, puisque nos jeunes ne croient plus aux slogans, promesses et autres titres accrocheurs. Ils ont signifié leur refus civiquement, en usant de leur droit constitutionnel de ne pas aller voter. » En d’autres termes, les jeunes Algériens n’ont pas délaissé totalement la politique, « puisque le problème réside dans l’attractivité des partis politiques, mais aussi dans leur fonctionnement qui considère les jeunes comme de simples marionnettes actionnées au moment des batailles électorales », appuie notre politologue.

« Les partis ont très bien saisi le message. Ils sont en train de concevoir de nouvelles stratégies d’intéressement, les écoles de formation politique pourraient être ces nouveaux mécanismes de recrutement. » « Le frère du président, en l’occurrence Saïd Bouteflika, l’a bien compris, "Génération libre" est le nom retenu pour sa formation. Le choix de cette appellation n’est pas fortuit, conclut le politologue, il compte séduire les jeunes en rompant avec les fronts, les rassemblements et autres mouvements. »

Zouheir Aït Mouhoub

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