dimanche 30 août 2009

Touche pas à mon mollah

La polémique suivant la mise en quarantaine du parti de Nouri El Maliki par ses frères chiites ne dissimulera pas le profond malaise que connaissent les relations syro-irakiennes. Ça sent fortement le roussi depuis que la demande du gouvernement de Baghdad au sujet de djihadistes qui se seraient réfugiés en Syrie après les récents attentats commis sur le sol irakien est restée sans suite. 

Plus question de supplier le voisin sunnite de faire «le ménage chez lui», l'Irak n'a pour priorité de l'heure que d'internationaliser l'affaire.

Les victimes des derniers attentats sanglants à Baghdad méritent autant que feu El Hariri que justice leur soit rendue devant un tribunal international.

Et si tel est le cas, il est évident que les autorités de Damas soient nécessairement amenées à répondre à des questions déplaisantes, aux limites de l'accusation, les fugitifs censés s'être réfugiés en Syrie. Rien à voir avec toutes les autres fois, quand le gouvernement Bush ressassait la cinglante facilité avec laquelle les combattants étrangers s'infiltraient en Irak, profitant de la perméabilité qu'offrait la frontière syro-irakienne.

Ne serait-ce qu'en raison du redéploiement de l'armée irakienne hors des centres urbains, le gouvernement de Baghdad ne peut plus se permettre l'inaction envers ses voisins. Il a fini par leur demander des comptes.

Le destinataire de sa première requête ? Le président Bachar El Assad qui venait à peine de rentrer de Téhéran où il a réaffirmé par voie de félicitations à Ahmadinejad la robustesse de l'alliance irano-syrienne.

Si les prétendues tentatives de l'Occident de vouloir déstabiliser les mollahs d'Iran avaient été vouées à l'échec, la création d'un tribunal international, spécial derniers actes terroristes en Irak, serait-elle cette manière détournée d'atteindre le régime iranien ? Celui-ci semble le croire et n'a pas tardé à dépêcher son chef de la diplomatie à Baghdad, histoire d'apaiser la tension entre Irakiens et Syriens. Il y va de ses propres intérêts, il y a des signes qui ne trompent pas.

Surtout que le renforcement des sanctions contre la république islamique a été assorti d'une nouvelle menace de frappes militaires que Benyamin Netanyahu a brandie à chacune de ses escales sur le Vieux continent après avoir réussi à suspendre les livraisons d'armes que la Russie s'apprêtait à livrer à son allié objectif iranien.

Il y va également des intérêts de la Syrie qui n'a pas terminé de payer les frais judiciaires de l'affaire El Hariri alors que sa prise de distances vis-à-vis du Liban post-législatives a rassuré Paris sans convaincre Washington. Hillary Clinton chaussera-t-elle les escarpins de Mme Rice pour rappeler au régime de Damas qu'il n'a pas fini d'en pâtir s'il venait à trop s'afficher aux côtés de celui de Téhéran ? La Turquie serait la mieux placée pour assurer la médiation entre l'Irak et la Syrie.

Et ce, après avoir démenti la demande d'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan formulée par le secrétaire général de l'Otan, et au moment où Ankara fait circuler l'information selon laquelle des actes malveillants ont été commis en Turquie à l'aide d'armes livrées par les Etats-Unis à l'Irak. Décidément, tout est mis en œuvre pour sauver une fois pour toutes non pas le dernier des mohicans mais le premier des mollahs.

Par Anis Djaad

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