jeudi 13 octobre 2011

Le printemps algérien

Comment peut-on analyser cette dynamique sociale que vit la société algérienne actuellement avec ses grèves, ses expressions populaires bruyantes, ses contestations «à fleur de peau» qui, pour un dos-d'âne ou une route qui tarde à être bitumée, provoquent l'ire des riverains?

L'Algérie est dans une dynamique très intéressante à observer de près. Ceux qui ont tenté des raccourcis pour comparer les mouvements de foule auxquels on assiste, aux graves événements qui ont eu lieu en Tunisie, en Egypte et qui se poursuivent au Yémen et en Syrie, se rendent compte qu'ils faisaient fausse route. Quant à ceux qui n'avaient pas hésité, dès le début de l'année, à mettre notre pays dans ce qu'ils appellent «le printemps arabe» et son «effet domino» ils se taisent à présent. C'est ce qu'ils ont de mieux à faire. Reste et pour finir, ceux qui nous promettaient le même sort que la Libye.

Ce sont des conspirateurs qui restent tapis dans l'ombre espérant une occasion propice pour ressurgir. Ceux-là attendront l'éternité. Alors, comment peut-on analyser cette dynamique sociale que vit la société algérienne actuellement avec ses grèves, ses expressions populaires bruyantes, ses contestations «à fleur de peau» qui, pour un dos-d'âne ou une route qui tarde à être bitumée, provoquent l'ire des riverains?

En schématisant, cela rappelle les poussées de fièvre d'un corps en lutte contre des «infections» accumulées depuis des décennies. La meilleure illustration se retrouve dans les attributions de logements qui ont lieu dans une atmosphère où se mêle la joie des bénéficiaires à la colère qui exprime plus la peur de ne pas être servis de ceux qui sont programmés dans les prochaines livraisons. Jamais, depuis l'Indépendance, les Algériens n'avaient vu autant de logements (en millions d'unités) se construire pour eux et distribués, pour les plus démunis, au dinar symbolique.

Une première mondiale. Longtemps sevrés, leurs réactions observées aujourd'hui s'expliquent amplement. Surtout si l'on y ajoute la grave crise de confiance qui habite l'Algérien depuis l'époque du «beylick» et des «yaouleds». Difficile d'extirper en une décennie un mal vieux de plusieurs siècles. Ceci dit, leur longue attente explique leur empressement sans le justifier. Pour les grèves et surtout celles que nous vivons actuellement dans l'enseignement, leurs motifs sont tellement brumeux qu'il faut des «lunettes à infrarouge» pour distinguer, qu'au fond, l'objet de toutes les convoitises, ce sont les oeuvres sociales.

C'est à qui en prendra la gestion. Une histoire de sous compliquée par le nombre de prétendants. S'agissant des mécontentements exprimés un peu partout sur le territoire national pour des problèmes de voiries, de chauffards et autres motifs qui polluent la vie quotidienne de nos concitoyens, on ne peut que se réjouir de cette prise de conscience nationale.

Ce sont autant d'indices, même exprimés dans le désordre, de la volonté de participation des Algériens à l'émergence d'une société citoyenne. Soulignons au passage que toutes ces expressions populaires se déroulent sans présence ni encadrement d'une quelconque formation politique. Nos partis sont occupés ailleurs. Ils sont affairés autour des réformes politiques en cours. Du cumul des mandats. Du quota des femmes. Des incompatibilités liées à la fonction élective. En bref, à tout ce qui touche leur carrière.

Leurs gesticulations se passent dans les salles de réunion et dans les colonnes de journaux. Autant le peuple n'accorde aucun intérêt à ces «activités» partisanes, autant les partis politiques n'ont aucune prise sur la «rue» comme on dit.

Deux mondes qui se côtoient sans se rejoindre. Deux mondes, l'un, grand, formé par le peuple engagé à fond dans la contestation sociale et l'autre, très restreint, et confiné dans les permanences et hémicycles feutrés où se livrent des batailles d'intérêts et privilèges à sauvegarder, conserver ou consolider, qui s'ignorent superbement. Dans un tel décor, où est la «crise politique» que certaines voix veulent absolument et avec une grande mauvaise foi nous fourguer?

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait raison, avant tout le monde, lorsqu'il a déclaré à l'émission télé «Khyar Essâa» à la fin du mois de mars dernier, que dans notre pays il n'y a que des problèmes sociaux à régler. Que celui qui a vu une seule pancarte «politique» émerger des mouvements de foule qui ont lieu, ou entendu une seule revendication politique de la bouche de ces manifestants, lève le doigt!

Les Algériens sont un peuple qui a sa propre histoire, ses propres ressorts, sa propre sociologie. Il n'y a que ceux, qui ne connaissent rien de toutes ces spécificités, qui se trompent jusqu'à prendre leurs désirs pour la réalité. Les Algériens sont dans une dynamique de reconstruction tous azimuts. Et rien ni personne ne pourra les entraîner dans une quelconque tentative d'autodestruction. Ils vivent des moments de bourgeons d'un véritable printemps. Un vrai, celui-là, car exclusivement algérien.

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