mardi 16 février 2010

Le mépris des médiocres

Deux corps très sensibles du pays, l’éducation nationale et la santé, sont très malades. Ils souffrent tous les deux de grèves récurrentes qui ont un impact négatif sur la société. Dans les deux cas, ce sont des revendications salariales qui sont à l’origine du malaise. Nos enseignants vivent dans des conditions exécrables avec des retraites misérables, ce qui se répercute très négativement sur la qualité de l’enseignement et, par voie de conséquence, sur le niveau des élèves. Depuis des années, ils ne vivent que de promesses, ce qui fait qu’ils ne font plus confiance au Pouvoir, lequel est fermé au dialogue et, surtout, n’aime pas agir sous la contrainte.

Malheureusement, si le problème n’est pas réglé rapidement, l’année blanche sera inévitable. D’ores et déjà, les élèves sont perturbés par ces mouvements de grève et par un système d’enseignement qui a fait d’eux des cobayes. Le cas des praticiens de la santé est encore plus dramatique. Ils sont plus que méprisés par les dirigeants de ce pays. Ils sont les plus mal payés de tout le Maghreb, au point qu’on trouve des spécialistes de qualité qui n’ont même pas de logement. A cause de la politique gouvernementale, la médecine algérienne, qui était performante et respectée dans les milieux médicaux internationaux, est désormais à la traîne à cause des conditions de travail offertes.

Un ministre de la Santé des années 1990 a même reconnu que nos hôpitaux sont devenus des mouroirs. Humiliés, nos médecins trouvent du respect hors des frontières et ils font le bonheur des hôpitaux de France et d’ailleurs ; ceux qui sont restés, mus par l’amour de leur patrie, demandent au moins le minimum vital et un peu de considération. Malheureusement, la réponse est celle d’un pouvoir intolérant, qui n’admet pas la contestation sociale parce qu’elle risque de prendre des tournures politiques avec des risques pour la survie du système.

Ne connaissant que la violence comme moyen de négociation, les gouvernants sont allés jusqu’à bastonner ce qui nous reste comme symboles de science et de savoir. Il est vrai que ce système n’aime pas les hommes compétents et intègres et préfère baigner dans la médiocrité. Pourtant, l’Etat a les moyens de répondre à des revendications légitimes, surtout que nos hôpitaux subissent depuis deux mois des contrecoups dramatiques. Il est vrai que ce Pouvoir préfère le clientélisme. Il aime entretenir des structures budgétivores qui ne servent guère l’intérêt national et ce, pour se donner une façade démocratique. L’intérêt supérieur de l’Algérie, son avenir, ne font pas partie de ses soucis.

Par Tayeb Belghiche

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