dimanche 14 février 2010

La rose et la baïonnette

Au royaume wahhabite, le gouvernement de Ryad voit tout en rouge. A tel point qu'une campagne nationale anti-St Valentin a été lancée contre les boutiquiers qui oseront exposer des produits en lien avec la fête des amoureux. Cependant, les Saoudiens pourront toujours se consoler avec ce cadeau qui leur vient d'ailleurs. 

De l'autre côté de la frontière, un cessez-le-feu bilatéral a été décrété par les autorités de Sanaa et les rebelles chiites. Malgré le signalement de sporadiques violations de cette trêve, disons que le Yémen est sur la bonne voie. En attendant la paix qui ne pourra voir le jour qu'avec le désarmement total de l'armée d'El Houthi.

D'ici à ce que la direction politique de ce mouvement armé (reconnu pour être à la solde des mollahs d'Iran) accepte cette «solution finale», il se trouvera bien des capitales qui se précipiteront à saluer ce calme précaire au nord du Yémen.

Tout naturellement, les Saouds qui ne voudraient pas payer le prix de l'élargissement de la suprématie iranienne dans la région par la voie de la déstabilisation frontalière. Viennent ensuite les pays dits «modérés» du Golfe qui craignent un effet contagieux sur leurs minorités chiites respectives.

Les gouvernements concernés peuvent dorénavant dormir sur leurs lauriers, l'Etat hébreu ne s'oppose plus au fait qu'ils puissent s'approvisionner en armes auprès des Etats-Unis. Enfin, parmi les plus heureux au sujet du fragile cessez-le-feu au Yémen, les Américains et les Britanniques.

Il faut dire que Washington et Londres ont mis le paquet pour que soit menée à distance une guerre préventive contre Al Qaïda Yémen.

Serait-elle plus facile à conduire sans les interférences de la rébellion chiite ? Le Royaume-Uni qui ne sait plus comment arrêter la tourmente dans laquelle se trouve le MI5 à propos d'un ancien détenu torturé à Guantanamo et les Etats-Unis qui maintiennent la rencontre Obama-dalaï-lama dans le froid pékinois en seraient convaincus. Les autorités militaires yéménites se concentreraient mieux sur le seul front de lutte anti-djihadistes.

D'autant que toutes les aides financières allouées par la puissante alliance occidentale y seraient entièrement consacrées.

Mais le tandem Obama-Brown est-il au moins courant que leur allié yéménite, nouveau pays pivot dans la lutte antiterroriste, n'a pas que les sbires de Ben Laden à éliminer ? Il est tenu à tout (re)construire et une misère chronique à éradiquer s'il ne veut pas que son territoire soit cartographié parmi ces terreaux favorables au djihadisme international.

Avec la mauvaise stratégie du tout militaire, opérée en Afghanistan, l'Occident a dû se rendre compte depuis que les tanks ne suffisent pas à réinstaurer la stabilité.

Avec Al Qaïda Yémen, dont les chefs ont la farouche ambition de contrôler le détroit stratégique de Bab El Mendab, entre Golfe et mer Rouge, les puissances occidentales ne sont que mieux averties. Bonne fête des amoureux et mieux vaut la rose à la baïonnette !

Par Anis Djaad

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