dimanche 14 février 2010

Dangereux statu quo

Que sera le cinquième round des négociations entre le Maroc et le Front Polisario ? D’abord, doit-on se demander s’il se tiendra ? Et comment éviter un échec supplémentaire, l’échec de trop ? Autant de questions qui reviennent à vrai dire depuis 1997, quand l’ONU avait décidé de « remettre sur les rails » le processus de paix au Sahara occidental.

Un plan qu’elle avait adopté à l’unanimité de ses membres en 1990, et auquel étaient parvenues ces mêmes parties. Faire la paix dans le cadre d’un référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Et depuis cette date, que d’efforts et de coups de gueule, comme celui qui en avait la charge, l’Américain James Baker qui avait démissionné de son poste en signe de protestation contre le blocage de ce dossier par le Maroc.

Et aussi, l’incapacité de l’ONU à défendre ce qui est devenu son plan et, pour tout dire, la légalité internationale, puisque la question sahraouie est traitée depuis 1966 sous l’angle de la décolonisation.

C’est ce qui surprend justement, alors que l’ONU se contente de prendre acte des divergences ayant marqué les discussions informelles de jeudi. « A l’issue de la réunion, aucune des deux parties n’a accepté la proposition de l’autre comme base unique pour les négociations à venir », déclare un communiqué de Christopher Ross, émissaire personnel pour le Sahara occidental du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

Ce qui semblait inévitable après que le Maroc ait déclaré que le référendum était « inapplicable », et alors même que cette organisation internationale avait fait de ce principe l’objectif même de ces rencontres, appelées à se tenir « sans condition préalable ». Ce que le Maroc n’a jamais respecté, comme du reste sa signature au bas de l’accord de paix conclu avec le Front Polisario, est ce qu’on appelle communément ses avenants, comme les accords de Houston de septembre 1997 conclus sous l’égide de James Baker qui avaient permis de relancer le processus de paix. Il serait alors vain et même injuste de renvoyer les deux parties dos à dos.

Il est donc normal de se demander à quoi servent ces négociations si elles sont condamnées à l’échec par la volonté d’une seule partie. Ou encore que l’ONU n’a pas prévu de mécanismes, afin d’en assurer un respect total et leur pleine application. Et dans ce jeu de questions de savoir comment cette même partie, le Maroc, défie la communauté internationale en donnant son accord pour les négociations en question, pour, en fin de compte, les bloquer.
Il est donc temps que l’ONU prenne elle aussi acte, et de manière sans équivoque, de la position marocaine, et appeler les choses par leur nom. En fait, qu’elle applique ses propres résolutions. Et rien d’autre. C’est de cette manière qu’elle mettra fin au statu quo actuel et à l’occupation du Sahara occidental.

Par Mohammed Larbi

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