Nous en sommes déjà à la loi de finances pour 2010. Ficelée et emballée, elle attend le vote prochain des deux Chambres. Il est temps d’occuper les députés qui s’ennuient déjà et trouvent désobligeant que les ministres mettent deux ans à répondre à certaines de leurs questions orales, alors qu’eux votent, sur-le-champ, les textes qu’on leur soumet.
Mais malgré l’imminence de cette loi ‡qu’on dit du tout-social, la loi de finances complémentaire pour 2009, de son nom de code LFC 2009, prend des allures de cause nationale. C’est par rapport à elle que se sont définies les positions de forces sociales et politiques du pays.
Le pouvoir a ainsi provisoirement perdu le soutien du Forum des chefs d’entreprise qui, contrairement au reste des associations patronales, s’est élevé contre les mesures introduites par la loi en question. Et alors que le Forum revient à l’attitude prudente du soutien critique, le pouvoir a de nouveau gagné l’appui, déjà acquis, du PT. Une fois la polémique tassée, nos partenaires étrangers ont, à leur tour, compris que parler à l’Algérie
aujourd’hui, c’est lui dire qu’on est pour ou contre la LFC 2009.
Nos dirigeants aiment les soutiens à leurs initiatives controversées. Le téléphoniste Wataniya a, le premier, entrevu l’opportunité d’exploiter l’adhésion politique au programme national LFC 2009. Ce genre de parti pris devrait inquiéter plus que réjouir parce qu’il faut avoir l’intention d’investir ou l’espoir de faire des bénéfices pour ressentir le besoin de transférer des fonds. Mais l’opérateur qatari doit bien avoir ses raisons.
Mais les nouvelles du front continuent à être réconfortantes. La dernière nous vient des industriels catalans : après Nedjma, après l’ambassadeur de France qui est allé corriger, à partir de Marseille, les appréciations des opérateurs provençaux, et d’autres appuis que nous n’avons peut-être pas vu passer, c’est au tour de nos partenaires espagnols de proclamer leur adhésion à la LFC 2009.
Mais ce qui rend suspectes ces successives déclarations de sympathie, c’est qu’on ne se souvient pas d’un mouvement de soutien international pour une loi de finances qui, de surcroît, n’est que complémentaire. Ce soupçon ne peut que se consolider quand on lit au lendemain de la déclaration catalane que nos amis ibériques s’intéressent au port d’Oran. Ensuite, l’on se rappelle qu’en affaires, il n’y a rien pour rien. Au mieux, c’est gagnant-gagnant, comme disent les stratèges du business.
L’on se rappelle alors que ce n’est ni nos entreprises ni nos importateurs qui sont à l’origine des plus grands transferts ! N’est-ce pas plutôt à travers les projets publics d’équipement que voyagent nos devises ? Barrages, métros, tramways, autoroutes et… mosquée. Autant de gouffres financiers que les retards se chargeront de creuser indéfiniment.
On peut alors comprendre que nos potentiels partenaires soutiennent notre budget. Mais pourquoi s’abstiendraient-ils en effet de soutenir une politique économique qui, de toute manière, se résume à un programme de dépenses publiques ?
Par : Mustapha Hammouche
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