“C’est l’une des institutions qui contribue le mieux à rendre visible notre peuple et qui sait tellement nous rendre fiers”, c’est en ces termes que le producteur, Aomar Chibi, de Akfradou-Prodcution a évoqué la JS Kabylie. C’est une manière de dire que ce club n’est pas uniquement cette équipe de football, mais toute une symbolique pour la Kabylie. Sur un autre plan, Aomar nous explique le métier de producteur qui, selon lui, est une passion. Akfadou-Production, l’une des boîtes kabyles les plus connues sur la place parisienne et organisatrice de plusieurs galas, exclusivement kabyles, comme les différents Zénith. Ces galas ont permis à la chanson kabyle de s’exprimer dans l’Hexagone.
La Dépêche de Kabylie : Vous avez choisi la production musicale. Pourquoi ce choix ?
J’ai choisi ce métier à la fois par passion et par conviction. En fait, mes contactes avec l’art musical se sont faits à travers la guitare, la composition les mélodies et par l’écriture de textes. La production n’est qu’une extension de ma passion première que je poursuis aujourd’hui d’ailleurs. De plus, la production qui a un lien avec la création, me permet la réalisation de mes projets artistiques et donc culturels, et c’est en cela que je rejoins ma conviction première, la promotion de la culture amazighe. En ce qui me concerne, la musique kabyle doit se maintenir aujourd’hui dans un monde où l’on ne cesse d’affaiblir les identités régionales et culturelles. Ce sont ces deux aspects qui m’ont conduit à faire ce que je fais aujourd’hui, et je m’en réjouis.
Rares sont les producteurs qui sont, réellement artistes. D’ailleurs, plusieurs artistes se plaignent de cela. Selon vous, où réside le problème ?
Par définition, l’artiste est attaché à son art sinon, il n’en serait pas réellement un. C’est pourquoi, il faut comprendre que le chanteur souhaite travailler avec une personne qui a la même vision concernant son métier. Mais il faut savoir aussi que la production est une profession à part entière, qui a une existence indépendamment de l’art. Cela se caractérise notamment par l’activité de gestion d’un projet qui doit se concrétiser. Autrement dit, il est préférable qu’un producteur ait une âme d’artiste, ne serait-ce qu’afin qu’il s’épanouisse dans son travail. Comme c’est mon cas d’ailleurs, mais il faut prendre en compte le fait indéniable que tout un plan de la production est indépendant du domaine artistique, même si la réalisation de cet art est en toutes circonstances, le but ultime de cette activité.
Vous êtes l’organisateur de plusieurs galas, notamment en France, est-il facile de réunir autant d’artistes pour un gala dans l’Hexagone ?
Vous savez, rien n’est facile, l’organisation d’un grand Zénith comme celui du 31 octobre prochain, où on a fait venir spécialement une dizaine d’artistes d’Algérie, exige beaucoup de travail, car il faut avoir des autorisations officielles de travail en France, faire les visas, réserver les billets d’avion ainsi que les chambres d’hôtel. Aussi, placer les répétitions, les émissions de radio et de télévision etc... Tout cela est un travail supplémentaire comparé aux artistes résidant en France. Mais comme je vous l’ai souligné auparavant, on aime notre métier donc même si ce n’est pas facile, c’est paradoxalement très agréable.
Vos galas portent tous une marque, disant de proximité avec la Kabylie, “Eternelle Kabylie” par exemple. Pourquoi ?
N’en déplaise à certains, la Kabylie a été de tout temps le cœur de l’Algérie et elle le restera éternellement. La Kabylie de Cheikh Ahedad El Mokrani, de Fadma N’Sumer, de Krim Belkacem, de Amirouche. La Kabylie de Mouloud Mammeri, de Tahar Djaout, de Mohand u Yahia de Haroun Mohamed de Bessaoud, Mohand Arab…, La Kabylie de Slimane Azem, de Matoub Lounès, de Taoues Amrouche… La Kabylie de Chérif Khedam, de Takfarinas, de Ferhat Imazighen Imula, de Idir, de Zidane et de tant d’autres…
Cette Kabylie restera éternelle, et moi je resterais fier d’être kabyle.
Dans une discussion en aparté, vous avez évoqué la JSK, peut-on connaître les raisons ?
C’est l’une des institutions qui contribue le mieux à rendre visible notre peuple et qui sait tellement nous rendre fiers. C’est pourquoi, je dirai que la JSK n’est pas un club comme les autres.
Le président de ce club vient de signer un contrat de sponsoring avec un journal connu pour ses positions antikabyles, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Il me semble qu’il existe d’autres moyens de financer ce club que de s’associer à des personnes qui ne partagent pas notre cause et s’avèrent même être néfastes pour le peuple kabyle. En outre, je dirai à M. Hanachi qu’un président de club, symbole de toute une région doit avoir beaucoup plus d’humilité, sinon à force de composer avec les infréquentables, il risque d’être contaminé.
Eternelle Kabylie aura lieu le 31 octobre au Zénith de Paris, un mot à ce propos ?
Je dirai simplement rendez-vous le 31 octobre prochain au Zénith de Paris, pour la grande fête kabyle. Merci à vous, à votre journal, tanemmirt !
Propos recueillis par Mohamed Mouloudj
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