mercredi 28 octobre 2009

Identité: solidarité

Dans la vie politique, il y a toujours deux temps bien distincts: celui de la campagne électorale et celui de l’exercice du pouvoir. Le premier temps se caractérise par les efforts des candidats à rassembler autour d’eux, sous leur bannière ou dans le sillage de leur panache blanc, le maximum de voix d’électeurs. C’est le temps des promesses où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Il n’y a pas de limite au rêve et à «l’espérance folle qui danse...» La deuxième période, c’est-à-dire celle de l’exercice du pouvoir, est consacrée au partage du gâteau pour les heureux élus du parti majoritaire.

Les autres se contenteront de regarder et d’affûter leurs arguments. Quand un parti déjà au pouvoir prépare de nouvelles élections, l’opération est plus délicate puisqu’il ne peut plus promettre ce qu’il n’a pas pu (ou voulu) donner à la majorité de ses électeurs. C’est pour cela que toute la communication sera axée sur des valeurs abstraites sinon virtuelles puisque le concret est déjà aux mains de ceux qui pratiquent le pouvoir ou dans les coffres de leurs commanditaires.

Il n’est pas étonnant que le parti de Sarkozy, par la bouche de son ex-ministre de l’Identité nationale, Brice Hortefeux, promu ministre de l’Intérieur, mobilise les esprits en vue d’inculquer la culture du patriotisme à leurs citoyens et en premier lieu, celle de l’identité nationale. Celle-ci, très complexe est très difficile à définir puisqu’elle n’est pas perçue de la même manière par tous les citoyens d’un pays.

Elle change selon l’origine, le niveau culturel et l’appartenance sociale. Elle n’est pas la même pour le patron d’entreprise qui la mesure à l’aune de ses profits et qui n’hésite pas à délocaliser ses ateliers dès que le plancher des bénéfices est atteint, jetant dans le désarroi du chômage et de la précarité, des centaines, sinon des milliers de «ses compatriotes» plongés dans l’angoisse d’un futur incertain.

C’est ainsi que la notion d’identité nationale est différemment perçue: l’histoire commune, la langue puis la religion dans certaines cas suffisent-ils à mobiliser autour d’un drapeau et d’un hymne national ceux dont les intérêts divergent quand ils ne s’opposent pas? Faut-il rappeler que ce sont ceux qui sont d’origine «étrangère» ou dont les biens sont à l’abri dans les paradis fiscaux qui s’empressent d’entonner des slogans patriotiques et de se mettre au garde-à-vous à la moindre occasion.

Tout le monde se souvient de l’exploitation faite de la lettre du jeune communiste Guy Mocquet fusillé par les nazis. Le revers de la médaille fut que les plus grands revenus bénéficièrent aussitôt du bouclier fiscal. C’est-à-dire à un abaissement des impôts. Ce qui a fait sans doute plaisir à beaucoup de personnalités qui s’apprêtaient à changer de nationalité (monégasque ou belge) pour pouvoir voir leur compte en banque gonfler.

Les plus avisés de ces artistes ou de ces chefs d’entreprise (on parle plus souvent des premiers que des seconds) avaient changé de résidence depuis belle lurette et font souvent la navette entre Genève et Paris. Ce sont ceux qui ne font pas la différence entre identité nationale et solidarité nationale.

Selim M’SILI

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