mardi 22 septembre 2009

Photo de famille...

Et puis s’en vont. Il est patent que le président américain, lourdement engagé dans le processus de paix proche-oriental, tenait à forcer le destin à défaut d’avoir en main les atouts nécessaires ou de se donner les moyens capables d’amener les belligérants à être plus raisonnables. Barack Obama a ainsi obtenu que Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu se rencontrent en sa présence afin, indique un communiqué de la Maison-Blanche, de «relancer» le processus de paix.

Certes! Mais, reste le fait qu’en l’absence de percée, le président palestinien a quasiment accepté l’invitation de M.Obama par courtoisie envers le chef de l’Etat américain. Car enfin, de quoi vont bien pouvoir parler MM.Abbas et Netanyahu quand toutes les issues sont aujourd’hui bloquées et le débat figé. Quelle paix les Palestiniens vont-ils, en effet, négocier avec un Etat qui occupe leur maison et y construit force logements, les poussant sinon à la porte de sortie - ce qui peut bien être le cas en les incitant à quitter leur territoire - du moins à relativiser leur ambition d’édifier leur Etat indépendant?

Il est patent qu’il ne peut y avoir de reprise des pourparlers tant que la condition sine qua non du gel des constructions n’est pas observée par Israël. Ce que les Palestiniens ne cessent de répéter affirmant que la rencontre de mardi serait de pure forme, surtout parce que ces derniers ne «voulaient pas décevoir l’administration américaine» qui a certes déployé beaucoup d’efforts pour rendre une telle rencontre possible.
Les Palestiniens ont tiré les leçons de précédentes réunions qui ont surtout permis à Israël, outre de gagner du temps, de consolider les colonies juives en Cisjordanie et d’accélérer la judaïsation de Jérusalem-Est, tous paramètres qui, le moins qui puisse être dit, ne militaient pas pour l’ouverture de véritables négociations entre Palestiniens et Israéliens renvoyant quasiment aux calendes grecques une éventuelle création de l’Etat palestinien.

Echaudés par l’échec de la conférence d’Annapolis de novembre 2007, qui a donné à Israël de conforter sa présence dans les territoires palestiniens, les responsables de l’Autorité autonome palestinienne demandent désormais à voir et restent déterminés à n’engager aucune négociation avec Israël tant que l’Etat hébreu n’a pas décrété l’arrêt total des constructions dans les colonies juives en Cisjordanie et dans les quartiers arabes dans la ville sainte d’El Qods.

Dès lors, la rencontre réunissant le président palestinien, Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à l’initiative de Barack Obama, n’est pas appelée à créer l’événement lors de l’Assemblée générale de l’ONU dont l’ouverture des débats est prévue pour demain à New York. De fait, la rencontre d’aujourd’hui n’est qu’un pis-aller, un faux-fuyant, de la part d’un président américain sans doute désireux de participer positivement à la solution d’un dossier vieux de 60 ans, mais qui ne dispose pas d’atouts qui lui permettent d’imposer à un Israël maximaliste un minimum de souplesse.

Aussi, le gel des constructions israéliennes dans les territoires palestiniens reste-t-il un préalable qui n’est pas seulement du fait des Palestiniens, mais aujourd’hui celui de l’ensemble de la communauté internationale - y compris des Américains, même si ces derniers ont mis un bémol à leur exigence - qui y voient un obstacle insurmontable à l’ouverture de véritables négociations israélo-palestiniennes dont l’issue devrait aboutir à la création de l’Etat palestinien.

A l’évidence, on n’en est pas là. Et les Palestiniens, même s’ils restent affables, ne croient plus aux promesses américaines, surtout que les Etats-Unis qui parrainent le processus de paix depuis de nombreuses années ne se sont pas donné les moyens de mieux peser sur l’issue d’un processus de paix irrémédiablement dans l’impasse.

Karim MOHSEN

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