mardi 22 septembre 2009

Un bien remuant échiquier

Perpétuel équilibre des forces, la géopolitique implique aussi les revirements. A quoi le Président Obama vient de se résigner. Cher à son prédécesseur, le bouclier antimissiles en Europe fait désormais partie de l'histoire ancienne.

Plutôt prévisible, le locataire de la White House a prévenu que la décision de l'implanter en Pologne et en République tchèque n'était pas irréversible.

Toutefois, les deux pays concernés ne vont pas payer le prix de cette marche arrière puisqu'il ne s'agit pas d'un abandon définitif de ce projet mais de sa modification substantielle. Ce, en raison de la réévaluation à la baisse de la menace militaire iranienne dont les ingénieurs se penchent sur la construction de missiles de petite et de moyenne portée plutôt que des fusées à longue portée.

Quoi qu'il en soit, le Président des Etats-Unis a fait un premier pas courageux pour que Moscou puisse enfin replacer sa confiance en l'oncle Sam. Le geste de l'administration démocrate a convaincu la Russie qui a décidé de renoncer au déploiement de missiles Iskander à Kaliningrad.

Ce qui laisse présager que les deux géants vont renouveler l'actuel traité de désarmement Start d'ici à la fin de l'année. S'il venait à être signé, cet accord revigorerait-il la politique étrangère américaine après des mois de morosité ? L'Amérique d'Obama a besoin d'un nouveau départ que le nouveau patron de l'Otan vient justement de proposer au Kremlin.

A se demander si, par exemple, le tandem Medvedev-Poutine se tient prêt à soutenir des sanctions contre Téhéran où l'opposition est sortie dans la rue, scandant un slogan jamais entendu auparavant : «Nous vivons pour l'Iran et non pas pour le Liban et la Palestine». Histoire de signifier clairement au «régime négationniste» d'Ahmadinejad II que le maintien au pouvoir ne doit passer par le jeu des influences secrètes au Proche-Orient.

Punir les mollahs, la Russie n'en voit pas vraiment la nécessité, d'autant que les Américains eux-mêmes reconnaissent que la menace iranienne n'était pas assez développée pour la considérer au premier degré.

Quant à détruire le contrat de livraison d'un système anti-aérien à la République islamique d'Iran, destiné à protéger les centrales nucléaires, cela relèverait du miracle.

Obama verra-t-il la couleur de son engagement (de son recul, c'est selon) surtout que sur le plan interne, la santé connaît des périodes de déclin ? Depuis qu'il a rendu publique sa nouvelle stratégie en Afghanistan, et au Pakistan par extension, Barack Obama s'attend à des propositions concrètes de la part de la Russie.

Il en a un peu plus besoin à présent, ses alliés européens insistant sur l'ampleur de la fraude et sur les 1,5 million de bulletins suspects en défaveur de Hamid Karzaï. Ces mêmes alliés qui espèrent qu'au prochain sommet du G-20, Washington accepte une moralisation et une meilleure régulation du monde financier… en attendant le sommet de Copenhague sur le climat. Il ne nous reste qu'à souhaiter bon courage à Hercule Obama.

Par Anis Djaad

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