mardi 15 septembre 2009

Un débat de retard

Lorsque les historiens se pencheront sur l’actuelle époque journalistique, il est possible qu’ils en parleront comme d’un âge de décadence de la profession en Algérie. Il y a trois jours, une polémique s’est déclenchée entre le syndicat des travailleurs de l’une des deux imprimeries d’État et le chef de cabinet du secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé de la Communication.

Le syndicat s’est plaint par écrit auprès du Premier ministre des interférences, dommageables à la gestion de leur unité, du chef de cabinet en question. C’est ainsi qu’a commencé cette polémique entre les deux parties. En filigrane de cet échange de piques, il y a une réelle problématique dans le monde de la presse, aujourd’hui en Algérie, à savoir les interférences de la tutelle dans l’impression des journaux. Une interférence qui touche également la répartition de la manne publicitaire, la dette des journaux et ainsi de suite jusqu’à la liberté de la presse.

A ceux qui ont leur propre imprimerie on impose l’arsenal juridique et aux autres on invoque le principe de commercialité. Si pour la presse algérienne ce sont des questions cruciales, au plan international les enjeux sont ailleurs. Avec les changements sismiques qui secouent le paysage des médias, il s’agit pour les journaux de parer à cette crise induite par le phénomène du journal gratuit et surtout par l’utilisation du Web. Les nouvelles technologies ont donné naissance à de nouvelles tribunes et de nouveaux types de médias.

À mesure que la part d’audience des nouveaux médias s’accroît, on assiste à une intensification du débat sur la question de savoir si ceux qui les pratiquent respectent les normes traditionnelles qui distinguent le journalisme professionnel digne de ce nom, de la publication de ragots et de commérages.Et de ce point de vue, l’Algérie est en retard d’un débat. De place de leader régional, la presse algérienne s’enlise dans des considérations futiles alors que ses voisins gagnent en qualité et en professionnalisme.

Au moment où des experts nationaux et internationaux affirment que le nombre de journaux en Algérie est excessif, le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, soutient que cette «overdose de journaux» est un signe de bonne santé pour le pays. Dans un entretien à l’agence «Mena» publié samedi dernier, M.Mihoubi a souligné que le nombre important de titres de la presse en Algérie «reflète la stabilité du pays». Le secrétaire d’Etat a même poussé plus loin en précisant que les 80 titres traduisent les vues et visions des classes sociales en Algérie. Voilà où en est le débat sur la presse nationale. Un débat en retard.

Brahim TAKHEROUBT

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire