mardi 15 septembre 2009

Filtres

Aux tares souvent décriées d’un système éducatif qualifié de peu performant dans son ensemble, parfois même de sinistré, qui déteint ainsi forcément sur l’Université, s’ajoute le fonctionnement et l’organisation de celle-ci, dont les modalités de sélection en son sein.

Annoncée auparavant, la création de grandes écoles en Algérie vient de faire l’objet de décrets exécutifs parus au Journal officiel du mois écoulé. Il s’agit notamment de trois écoles nationales supérieures, l’une de sciences politiques, la seconde de journalisme et des sciences de l’information, et la troisième des mines et de la métallurgie, ainsi que de deux écoles préparatoires en sciences et techniques.

Tout un programme dont on devine l’ambition : donner à ces disciplines un essor que ne peut pas leur assurer l’université dans son état actuel. C’est que cette dernière se trouve à un stade de délabrement tel qu’elle n’est plus en mesure d’accéder à l’excellence. Un tel délabrement, elle était assurément vouée à l’atteindre par la faute de causes endogènes et exogènes.

Parmi ces causes, il y a d’abord le niveau souvent peu reluisant des bacheliers qui y accèdent, et c’est la première conséquence de faiblesses cumulées durant les paliers inférieurs, même si “tout n’est pas noir dans l’école algérienne”, comme vient de l’affirmer le ministre de l’Éducation nationale. Des faiblesses dont l’Université est devenue “le réceptacle naturel”, un peu malgré elle, certes, et qu’elle transmet en l’état au monde du travail, donc à la sphère économique.

Aux tares souvent décriées d’un système éducatif qualifié de peu performant dans son ensemble, parfois même de sinistré, qui déteint ainsi forcément sur l’Université, s’ajoute le fonctionnement et l’organisation de celle-ci, dont les modalités de sélection en son sein. C’est, par exemple, un lieu commun de dire que ce ne sont pas toujours les meilleurs qui accèdent à la postgraduation.

Ce sont notamment ces critères de sélection qu’il sera question de réformer dans la foulée du lancement de ces nouvelles grandes écoles qui, du coup, constitueront pour certains métiers des filtres de tri entre l’Université et le monde du travail. Un monde du travail perçu ici dans son acception générale puisqu’il englobe des domaines allant de la métallurgie aux sciences po.

Tout un programme, en effet. Mais pour l’heure, cela reste un programme, sans plus. Car il s’agit de ne pas rééditer les ratages de l’Université. Et ce n’est pas une mince affaire.

Par :Saïd Chekri

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