mardi 15 septembre 2009

Brice et Fadéla

Il y a quelque chose de gênant dans cette histoire du ministre de l'Intérieur français, Brice Hortefeux, qui aurait tenu des propos à connotation raciste lors de l'université d'été de son parti, l'UMP. C'est toujours gênant quand un homme politique est accablé pour des propos qu'il se défend d'avoir tenus, surtout quand celui-ci n'est pas particulièrement connu pour les idées ou les convictions qu'on lui prête.

On dit de Brice Hortefeux que c'est une bête de travail, qu'il a des compétences avérées et surtout qu'il est politiquement issu d'un catholicisme social dont les valeurs humanistes supposent qu'il serait insoupçonnable de telles dérives. Fadéla Amara, sa collègue au gouvernement et l'un de ses plus francs soutiens dans cette «malheureuse épreuve», ne peut pas, de par ses origines, son parcours et ses convictions, logiquement «laisser passer ça».

Et sûrement pas défendre un ministre convaincu d'une telle horreur à un moment où d'autres, plus proches de lui, se sont tus ou ont parlé du bout des lèvres au nom du seul principe de solidarité gouvernementale.

Issue de l'immigration algérienne, banlieusarde qui refuse le ghetto, ancienne présidente de «Ni putes, ni soumises», on ne lui connaît pas de compromis sur ses idées et c'est apparemment en tant que telle que Sarkozy la veut dans son équipe. Avec Brice Hortefeux.

Ce dernier est en train de se défendre comme il peut contre une accusation dont on ne peut ni confirmer ni infirmer la nature. Pour lui, il ne s'agissait en l'occurrence que d'une plaisanterie qu'il aurait lancée à l'adresse d'un jeune militant de l'Auvergne.

Le «quand il y en a un, c'est bien, c'est quand il y en a beaucoup que ça pose problème» ne serait donc pas destiné au jeune maghrébin qu'on venait de lui présenter, mais le coup est parti.

Les caméras, de plus en plus inévitables et de plus en plus impitoyables, étaient là pour ça, même si les hommes politiques ont parfois tendance à l'oublier. Mais dans le cas du ministre de l'intérieur français, il n'y avait normalement pas que les caméras à surveiller.

Dans une université d'été de son parti, Brice Hortefeux devait quand même savoir que ce genre de dérapage soulèverait le tollé, y compris au sein de sa famille politique qui n'est quand même pas le Front National.

Avec Fadéla Amara, c'est Eric Besson, un autre collègue issu de la gauche et aussi insoupçonnable de fermer les yeux devant des déclarations racistes, l'a défendu a défendu Hortefeux avec enthousiasme. Quel que soit le sens du propos du ministre de l'intérieur français, il reste que dans ce pays, on réfléchit à deux fois avant de se laisser aller au propos raciste. M. Hortefeux ne devait pas l'ignorer.

Un préfet vient de le payer de son poste en attendant plus. Mais lui non plus ne l'ignorait pas. La différence est qu'il le savait et il n'était pas loin de le revendiquer.

Slimane Laouari

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