mardi 15 septembre 2009

Fantômas, le retour

Durant toute une journée, Benyamin Netanyahu a été porté disparu. La presse israélienne l'a cherché partout mais le «colon à deux têtes» est resté introuvable. Pourtant, il n'a pas été vu au chevet de Shimon Pères, la colombe qui a perdu toutes les plumes de la paix.

A-t-il visité un centre de sécurité, comme l'a annoncé son attaché militaire pour expliquer sa disparition ? S'est-il entretenu en toute discrétion avec des hauts responsables du Mossad, une hypothèse parmi tant d'autres qu'ont avancée les médias israéliens ?

Ceux-là n'ont vu que du feu, Netanyahu a pris un vol secret pour Moscou ! Le temps d'un aller-retour éclair qui a finalement conforté la thèse de la désinformation officielle. Mais que l'opinion publique israélienne ne sente pas offusquée, il y a des affaires qui se règlent en privé.

Quitte à ce que le mensonge d'Etat soit reproché tôt ou tard à ses commanditaires. Après tout, il s'agit de la sécurité des Israéliens que Netanyahu est parti marchander auprès du tandem Poutine-Medvedev. Inutile de lui reprocher quoi que ce soit puisque, à la différence de son aîné Ariel Sharon, qui s'était embrouillé avec Vladimir Poutine à propos de livraison de missiles antiaériens à Damas, Netanyahu a juste procédé autrement.

En toute discrétion afin de convaincre le Kremlin de ne pas honorer son contrat de vente de missiles antiaériens aux mollahs d'Iran.

Un arsenal militaire dont la République islamique pourrait s'en servir pour sécuriser ses installations nucléaires. Pourquoi l'Etat hébreu serait-il encore tenté de frapper ces mêmes installations alors que l'Occident vient de se déclarer disponible à négocier la récente plateforme proposée par le régime de Téhéran ?

Jamais, au grand jamais, l'indestructible alliance israélo-américaine n'a écarté cette option. Ne pas confondre avec une invasion proprement dite qui, elle, ne figure pas sur l'emploi du temps secret de Benyamin Netanyahu. Mais pour Vladimir Poutine, le Premier ministre qui n'exclut pas de se présenter à la présidentielle russe de 2012, le mélange des genres est inadmissible.

Toute option militaire contre son allié iranien est un scénario inacceptable et dangereux. Benyamin Netanyahu, le fantôme d'un jour, lui a-t-il promis de ne pas s'en prendre militairement à l'Iran si la Russie renonce définitivement à fournir le parapluie antiaérien aux mollahs ? Rien n'a filtré au sujet de cet échange de bons procédés.

Tout ce que l'on sait c'est que le Kremlin a été formel sur un point : le cargo Arctic Sea, intercepté par la marine russe au large des îles du Cap-Vert, ne s'apprêtait en aucun cas à acheminer des missiles SS-300 vers la République islamique d'Iran. Le Mossad fabule-t-il à présent ?

Le démenti de la Russie n'étant pas la bible, selon le grand rabbin de Tel-Aviv, Netanyahu s'est senti investi par sa mission secrète à Moscou. Avant de retourner chez lui avec la certitude suivante : l'œil de Moscou ne fermera pas quand il s'agira de défendre les intérêts de la Russie en Iran.

Par Anis Djaad

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