lundi 14 septembre 2009

Apprendre aux consommateurs à se protéger

Cette semaine sera la plus éprouvante pour les ménages. Après les vacances, les fêtes familiales, le Ramadhan, la rentrée scolaire, cela sans compter les traites du loyer et du crédit, sans compter non plus les factures d’eau, d’électricité et de téléphone, voici venu le temps de l’Aïd El Fitr. Le temps des gâteaux. Là aussi, il faudra débourser les quelques sous qui restent, ceux qui sont soigneusement rangés dans l’armoire sous les draps. La consommation va bien en Algérie, merci! C’est le consommateur qui va mal. Plumé, maltraité, empoisonné par le commerçant, mal défendu par les services de l’Etat et les associations qui se vantent de le faire, livré à lui-même contre une faune insatiable, il a fini par se retourner contre lui-même.

Qui de nous n’a pas assisté au moins une fois à cette scène où un consommateur se hasarde à refuser un produit soit pour son manque de qualité, soit pour son prix prohibitif? Mais qui a eu cette chance de voir les autres clients présents le soutenir? Très souvent, malheureusement, ils prennent fait et cause pour le commerçant et contre le consommateur. Pour l’anecdote, il y a peu, un pâtissier n’a pas cru devoir ficeler la boîte de gâteaux d’un client. Devant les réclamations du client, ce sont tous les autres clients présents qui sont intervenus pour lui dire que «l’essentiel est dans la boite pas ce qui apparaît au dehors».

L’important est dans la bouffe. L’esthétique, le raffinement et le savoir-vivre? Peu de chose! Pourquoi une telle attitude perverse? Pour deux raisons au moins: la première est due à l’appréciation de la qualité et des prix qui n’est pas toujours évidente chez tous les consommateurs. La seconde qui consiste à se ranger derrière le commerçant est à chercher dans l’espoir sournois d’avoir ses faveurs et être ainsi mieux servi. Deux raisons qui nous sont aux antipodes de la règle du client-roi.

Il est nu le roi. Il ne sait pas faire la différence entre bonne et mauvaise marchandise. Il en est arrivé à cette seule équation qui vaut pour tous ses repères en matière d’achat: plus c’est cher et plus c’est de qualité. Ce qui est non seulement faux mais, de plus, sert d’axiome au commerçant qui n’en demandait pas tant.

Non seulement le client n’est plus le roi mais c’est le commerçant qui l’est actuellement. Le «coup d’Etat» est fait pour durer. Aucun texte de loi aucun contrôleur ne pourra défendre un consommateur masochiste. Pour le guérir, l’oeuvre est de longue haleine. Elle est éducationnelle, culturelle.

Les associations qui prétendent défendre les consommateurs pourraient avec un peu plus de sincérité et d’engagement entreprendre une vaste campagne de sensibilisation. Les sponsors ne manquent pas. Ils sont parmi ces grands groupes industriels qui travaillent dans la transparence et qui ont pour stratégie de fidéliser les consommateurs par le goût et la qualité. Mais pour cela, il faudrait des associations plus civiques, plus citoyennes que politiques. Là aussi, il y a problème. Sauf qu’il est tout de même plus facile de mettre au pas des associations. Non?

Zouhir MEBARKI

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