lundi 14 septembre 2009

Ambitions mitigées de Canal+ Overseas en Algérie

«Nous voulons d’abord que notre produit soit pour les Algériens, quasi le même de ce qu’ils ont l’habitude de voir en France.»
Bruno Thibaudeau, le directeur Maghreb de Canal+ Overseas

Décidément Canal+ est fort en communication et en marketing. Après avoir échoué dans sa stratégie de décrocher des millions d’abonnées en Algérie, voici qu’il entame son plan B de son bizness plan dans le marché audiovisuel algérien. Une réduction de 40% de son prix commercial en Algérie. Canal+ lâche miette par miette pour le consommateur algérien. L’abonnement d’une année est passé de 24.000 DA à 16.000 DA/ en moins de 12 mois. Ça promet. Mais conscient de la difficulté à pénétrer un marché acquis déjà aux bouquets ART et BIS, Canal+ Maghreb tente le tout pour le tout. Mais l’offre reste très insuffisante.

27 chaînes seulement. Alors pour Canal+ Horizons qui dessert l’Afrique centrale et subsaharienne offre des abonnements de moindre coût pour 32 chaînes au minimum et 65 chaînes au maximum. Canal + Horizons Afrique offre même des programmes adultes, avec code parental nécessaire. Pourquoi Canal+ Maghreb ne marche pas sur les traces de Canal+ Horizons, qui a réussi un tant soit peu à lutter contre le piratage.

Si Serge Adda était encore vivant, il n’aurait pas eu la même stratégie ou du moins pas la même politique commerciale. Lui qui aime l’Algérie et surtout la Tunisie et le Maghreb en général, connaît un peu sur la propriété intellectuelle dans la région. Fils de Georges Adda, ancien chef du parti communiste tunisien, Serge Adda fut le président-directeur général de 1997 à 2001 après avoir été directeur général de la chaîne dès 1990 sous la présidence de Catherine Tasca.

Il avait présidé au démarrage des émissions terrestres de Canal Horizons au Sénégal (1991), en Tunisie (1992) et en Côte d’Ivoire (1994). Il a disparu subitement en 2001 alors P-DG de TV5. L’arrivée de Canal Horizons révolutionne le paysage audiovisuel africain à l’époque: Le succès est fulgurant en Tunisie avec un pic de 65.000 abonnés au milieu des années 1990, avant l’arrivée du piratage et de la concurrence des télévisions par satellite. Ce phénomène conduit à la cessation de la diffusion, le 16 octobre 2001, sur le satellite Hot Bird, marquant la fin de la présence de la chaîne au Maghreb et au Proche-Orient ainsi que de sa diffusion hertzienne en Tunisie et le recentrage de la chaîne sur l’Afrique.

Canal Horizons développa une programmation audacieuse alliant sport, en particulier le football, et cinéma arabe et africain par la coproduction de 200 documentaires et longs métrages. Mais depuis peu, Canal Horizons revient en force, en Afrique, alors que la plus grande attente reste au Maghreb. Grâce à Serge Adda, Canal Horizons avait sponsorisé l’événement cinéma de l’été 2000, avec Alexandre Arcady, réussissant même à inviter Bouteflika pour une grande fête du cinéma au Théâtre de verdure, en présence de grandes vedettes françaises telles que Mireille Darc, Roger Hanin, ou encore Daniel Saint-Hamont, le fidèle scénariste d’Alexandre Arcady. Ce dernier a encore montré son amour de l’Algérie dans un reportage de France 2 sur les repérages d’Arcady à Oran, pour l’adaptation du dernier livre de Yasmina Khadra.

Ainsi l’annonce faite par Bruno Thibaudeau, le directeur Maghreb de Canala+ Overseas, que le directeur des programmes est Algérien ne suffit pas pour convaincre. Il faudrait des gestes plus concrets de la bonne volonté des responsables de Canal+ au Maghreb et pas seulement des grands discours et des effets d’annonces de commerciaux en attente de la bourse.

Amira SOLTANE

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