lundi 14 septembre 2009

La débrouille

La nouvelle a fait beaucoup de bruit sans avoir provoqué quelque étonnement que ce soit. A peine avait-elle été lue sur la page des faits divers d’un quotidien qu’elle a fait le tour du quartier, provoquant commentaires et haussements d’épaules. Il faut dire que ce n’est pas un fait nouveau. L’opinion publique algérienne a été longtemps habituée à tant de situations anormales que rien n’étonne plus personne. Il y a tant de problèmes à résoudre et si peu de moyens que chacun essaie de «s’en sortir» comme il peut, comme quelqu’un qui se noie.
Tous les coups sont permis.

Mais là, il y a comme un malaise, puisque ce fait est justement rapporté à quelques jours d’une rentrée scolaire qui, pour une fois, n’occupe pas la première place dans les préoccupations de la majorité des gens puisqu’elle survient à la veille d’une fin de Ramadhan durement éprouvant pour les petites bourses au point que les autorités administratives ont décidé d’avancer de neuf jours le virement de la retraite: une fausse solution à un vrai problème.

Mais quand même, le fait qu’un directeur d’une école de banlieue, un personnage qui devrait être au demeurant un exemple de bonne conduite pour toute la communauté et un centre d’intérêt pour tous ceux qui auront, de loin ou de près, affaire avec l’école qu’il dirige, se voit propulsé dans le fil de l’actualité à cause d’une banale affaire de logement! Pourtant, il est de notoriété publique que depuis le premier Plan triennal, l’Algérien moyen connaît ce problème à la naissance: c’est simple, il est tombé dedans.

Mais un enseignant, et par-dessus le marché, un directeur qui squatte une salle de classe pour abriter sa famille d’une part, et d’autre part pour attirer l’attention des autorités concernées et des parents d’élèves sur sa situation sociale. Il faut rappeler que l’école, espace fermé, vacant une bonne partie du temps et située au beau milieu d’autres espaces continuellement occupés, est souvent le refuge accordé par des autorités aussi impuissantes que démunies à des sinistrés, victimes de catastrophes naturelles.

N’a-t-on pas vu un établissement scolaire proche du chemin Fernane-Hanafi (ex-Vauban) occupé pendant des années par des gens en détresse? Et les élèves ont dû être «relogés» ailleurs, ajoutant une contrainte supplémentaire à d’autres classes déjà surchargées. Il faut dire que l’établissement-refuge est situé pas loin de «l’Ermitage». Donc, c’est compréhensif.

Il faut dire que dans les pays développés, ce sont les espaces consacrés aux sports qui sont les premiers à être livrés aux sinistrés d’urgence. Comme dans notre pays, le parc des salles omnisports est assez indigent, alors on se rabat sur les écoles. Cependant, il faut rappeler que l’école, reflet de la société, connaît tous les dépassements et tous les abus.

N’a-t-on pas entendu, il y a quelques années, que dans l’ouest du pays, une directrice n’a pas trouvé mieux que de transformer un local attenant à une école en magasin: peut-être pour inculquer à ses élèves des notions d’économie informelle.

On a vu par ailleurs, des enseignants bénéficier de logements d’astreinte et pouvoir ainsi louer le leur. On a vu un directeur «prêter» l’école à des fins de salles des fêtes pendant des grandes vacances.
On a vu un couple d’enseignants s’installer dans le logement d’un professeur égyptien alors que celui-ci était parti en vacances. Côté logement, l’Algérien se débrouille comme il peut et tous les coups sont permis.

Selim M’SILI

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