jeudi 10 septembre 2009

Ah ! La belle prise !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Des montgolfières, avec à leur bord des Autrichiens, des Finlandais et des Belges, atterrissent en catastrophe en Algérie.

Harraga ?

C’est la plus belle des victoires ! De celles qui vous font gonfler la poitrine et vous rendent fier d’être algérien. Imaginez un peu : l’Algérie, par la voix inimitable du bon docteur Ould- Abbès, ministre de la Solidarité, annonce devant caméras et micros qu’elle a réussi «à débusquer 91 000 indus bénéficiaires du couffin du Ramadan». Moi, je ne peux résister à l’enthousiasme enthousiasmant que ces chiffres provoquent sur mon enthousiasme. Dès que j’écoute un ministre me révéler que la République, la belle, grande et riche République a réussi à débusquer 91 000 fraudeurs aux couffins de la faim, je n’ai qu’une envie : mettre un CD de l’hymne national à fond, me planter devant le lecteur et verser une larme. Car on ne peut verser que des larmes lorsqu’on entend cela. Un officiel heureux, le sourire victorieux, et qui, tel un chef de guerre, un général des armées, un empereur chevauchant son fier coursier à la tête de ces bataillons annonce avoir capturé 91 000 gueux et les avoir mis hors d’état de nuire au gardemanger de la Dawla. C’est pas beau, ça ? Au pays du pétrole, au pays des 60 millions de quintaux de céréales attendus cette année, au pays de Aâmi Boualem, le Saint Homme qui l’espace d’une nuit effaça des statistiques algériennes tous les pauvres, au pays des immenses réserves de changes vantées et chantées sur tous les toits, au pays des enfants de ministres conduisant des berlines de luxe sur des routes suisses et exhibant sans se faire prier 20 000 euros d’argent de poche, dans ce pays-là, dans ce beau pays-là, un dangereux gang composé de 91 000 affamés vient d’être appréhendé. Comment voulez-vous, après ça, ne pas être fier, hein ? Je propose que ces «truands de la faim» subissent un châtiment exemplaire. Un à un, ils devront rendre tout ce qu’ils ont mangé, l’intégralité du couffin avalé, jusqu’à la dernière bouchée de pain et de pâtes. De gré ou de force. Dussent-ils vomir leur butin si mal acquis ! Bravo la République. 91 000 hourras pour cette Républiquelà ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

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