jeudi 10 septembre 2009

Excès de vitesse dans le haut débit

L’Eepad n’a pas que la dette envers Algérie Télécom. Elle en a une deuxième, une troisième avec des institutions publiques. Explications...

Bizarre, bien bizarre que cette affaire de l’Eepad. L’affaire est pourtant simple: l’entreprise doit à Algérie Télécom, son fournisseur, la bagatelle de 350 milliards de centimes. Après plusieurs échéances non respectées, Algérie Télécom décide d’arrêter de fournir l’Eepad. Ce qui est d’une logique implacable sachant que la poursuite des prestations ne ferait qu’alourdir la dette et donc de la rendre toujours plus insoluble. Et si cette logique a fait du bruit, c’est uniquement par les dégâts collatéraux qu’elle induit sur les quelque 35.000 citoyens, abonnés de l’Eepad.

Rappelons que l’Eepad est fournisseur privé d’accès à Internet. C’est cet accès concédé par Algérie Télécom que l’Eepad ne peut plus payer alors même qu’elle a perçu de ses abonnés les droits de connexion. Pourquoi? Problème de gestion sûrement.

Certains invoquent l’investissement par l’Eepad pour la production de micros portables qui n’ont plus trouvé de débouchés une fois que le projet Ousratic (un micro par famille) initié par le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication est tombé à l’eau. D’où les tentatives de l’Eepad d’écouler ses stocks à l’étranger. En vain. L’Eepad n’a pas que cette seule dette. Elle en a une deuxième et même une troisième dont personne ne parle. Il s’agit de l’emprunt obligataire, institutionnel, lancé en 2007 d’un total de 50 milliards de centimes en deux tranches. La première tranche de l’ordre de 30 milliards de centimes est arrivée à échéance le 30 mai dernier.

Aucun souscripteur parmi les banques et autres institutions n’a élevé la voix pour réclamer son dû. Par contre, une institution que l’on n’attendait pas a fait irruption dans le conflit dont le but évident est de prêter main forte à l’Eepad contre son créancier Algérie Télécom. Il s’agit de l’Arpt, un organisme chargé, comme l’a si bien dit M.Moussa Benhamadi, P-DG d’Algérie Télécom, de «régulateur de télécommunications. Mais (poursuit-il), n’est pas concerné par cette histoire. C’est une affaire commerciale entre AT et l’Eepad». En moins diplomatique cela veut dire que l’Arpt se mêle de ce qui ne la regarde pas.

Vous l’avez compris, l’Eepad est en situation de cessation de paiement. Une situation que la loi prévoit. Une loi qu’il suffit d’appliquer sans trop de chahut. Eh, bien, non! Il y a comme une volonté délibérée de vouloir faire pression sur AT et maintenir en vie l’Eepad.

Qui a intérêt à demander que l’argent d’une entreprise publique puisse profiter à une entreprise privée? Sur quelles bases la Cosob a-t-elle autorisé l’emprunt obligataire de 2007? Pourquoi l’Arpt s’est-elle mise en avant? Par quoi se justifient cette douteuse compassion et cette défense des intérêts de l’Eepad par certains médias? Trop de questions qui, a défaut de réponses, nous mettent dans une situation où nous avons peur de comprendre. Peur de découvrir d’autres liens que le flair, entre le projet gouvernemental Ousratic et le lancement de l’unité de production de micros par l’Eepad.

Peur de constater que l’échec de l’un a entraîné celui de l’autre. Nous avons peur de découvrir comment la Cosob a lu les bilans de l’Eepad pour lui accorder son autorisation. Peur de nous rendre compte que les souscripteurs (banques et institutions) ferment les yeux et la bouche sur injonction, pour ne pas réclamer leur dû. Peur aussi de voir l’Arpt comme simple instrument au profit d’on ne sait pas trop qui agir dans un conflit commercial qui n’est pas dans ses attributions. Alors que dans le même temps, les puces anonymes de téléphones portables refont leur apparition sur le marché parallèle et que l’Arpt serait mieux inspirée de s’en occuper urgemment. Et pour couronner le tout, on se demande pourquoi l’affaire n’est pas, 6 mois après, sur le bureau de la justice?

Oui, tout cela est bizarre. Le P-DG de l’Eepad, habituellement très porté sur les conférences au centre de presse d’El-Moudjahid, fuit tous les journalistes à quelques exceptions. Quand un grand spécialiste des Ntic ne communique plus, il faut savoir lire son silence.

Voilà, c’était juste l’envers du décor d’une affaire facile à comprendre, mais que certains s’évertuent à vouloir embrouiller. Il suffit que chacun prenne ses responsabilités. Et les assume aussi.

Zouhir MEBARKI

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