jeudi 17 septembre 2009

Les nouveaux colons sont déjà là

La campagne orchestrée contre la loi de finances complémentaire ne s’est pas calmée, au contraire il semble même qu’elle passe à la vitesse supérieure. Il n’y a plus un jour où les medias ne relaient des propos alarmistes, voire catastrophistes sur le pays tout entier, son économie comme le reste. Pourquoi ? Parce que les dirigeants de ce pays ont décidé de mettre un peu d’ordre dans l’importation des produits qui pour la plupart relèvent de la consommation superflue.

On parle du crédit documentaire comme s’il s’agissait d’une entrave à la liberté du commerce alors qu’il en est l’indispensable préalable. Voilà que ces jours-ci deux événements se produisent qui amplifient la campagne. Les «patrons» se réunissent et ce qui ressort de leurs déclarations ressemble à une condamnation nette et claire de la LFC. Cela veut dire que ces nouveaux symboles de la logique économique libérale déjugent la mesure. Reda Hamiani, le chef du FCE, résume cela par une phrase : «Il ne faut ni trop ouvrir (comme ce fut le cas) ni trop fermer (comme c’est aujourd’hui le cas)».

Dans tout ce qu’il fait, autrement dit, le gouvernement se trompe. En réalité, les patrons, Hamiani en tête, sont favorables à la LFC, parce qu’elle sert en définitive leurs propres intérêts, mais ils ne veulent pas le montrer. Au contraire, ils veulent profiter de cette campagne déclenchée par des lobbies d’intérêts étrangers (dont les concessionnaires automobiles ne sont pas des moindres), et qu’ils contribuent eux-mêmes à alimenter par ailleurs, pour contraindre le gouvernement à les associer comme partenaire dans l’élaboration des lois.

Les patrons font de la politique pour sauvegarder et consolider leurs intérêts économiques, ni plus ni moins. Ils demeurent très prudents dans leurs faits et gestes, mais personne n’est dupe – dommage pour eux qu’ils s’associent à cette campagne. Le deuxième événement, rapporté par un journal électronique, qui sert de caisse de résonance audit lobby, fait état d’un rapport du concessionnaire français de la marque Diamal adressé à ses supérieurs à Paris.

Dans ce rapport, le concessionnaire traite nos dirigeants, Bouteflika et Ouyahia, de tous les noms d’oiseau. Le pays tout entier est décrit sans ménagement comme un vaste royaume pourri. Bon, ce concessionnaire peut penser ce qu’il veut, le problème n’est pas là. Le problème est que, ainsi révélé, le rapport devient un élément de la campagne contre la LFC. Un élément et un tournant, car on passe à l’offensive directe et d’une violence inouïe contre le personnel politique.

Il faut donc s’attendre à ce qu’on mette le feu à la baraque – ce «on», ce sont les nouveaux colons. Qu’on instaure des rapports de force tels que le gouvernement recule. Qu’il plie. Qu’il laisse faire les «on», qui ne veulent aucun mal à ce pays sinon prendre l’argent qu’il a et qu’il ne sait pas utiliser d’ailleurs, en échange de quelques jouets et un peu de confiseries. Nous le verrons bien assez tôt.

F.C.

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