dimanche 13 septembre 2009

Ces eaux qui tuent

Le mauvais temps a encore fait des siennes ce week-end en diverses régions du pays, notamment dans le Sud où il a été déploré des victimes, parmi lesquelles le chef de la daïra de Brida (wilaya de Laghouat), emportées par les crues des oueds ou noyées dans les inondations. On a peine à croire qu’en 2009, les eaux puissent encore tuer des personnes. Pourtant c’est ce que nous apprennent les services de la Protection civile mobilisés sur les lieux. Les pluies saisonnières, qui font monter les eaux des oueds, continuent ainsi à endeuiller des familles, comme cela a été le cas à Naâma ce vendredi lorsqu’une famille de quatre personnes a été emportée par la crue de l’oued.

Quand ce n’est pas la route, responsable de la mort de centaines de personnes, ce sont les éléments de la nature (crues des oueds, inondations ou foudre) qui font des victimes de plus en plus nombreuses parmi les Algériens. Est-ce une fatalité que les Algériens paient un tel tribut du sang? Certes pas! Pour ce qui est des crues des oueds, très courantes en ces périodes de l’année, il incombait en premier lieu aux édiles de faire le nécessaire pour que de tels faits ne se reproduisent pas, ne serait-ce que par le curage des lits des oueds pour qu’ils ne débordent pas lors des fortes pluies d’automne. Est-ce que cela a été fait, ou est fait avec constance?

Il est permis d’en douter. Est-il normal que l’on puisse continuer à mourir en Algérie du fait des pluies, aussi abondantes puissent-elles être? La régularité même de ces pluies et crues saisonnières aurait dû inciter les communes à mieux prendre en charge l’entretien des oueds pour parer aux dégâts matériels et surtout aux pertes humaines qu’occasionnent chaque année les débordements des eaux de nos ruisseaux, qui ne sont quand même pas des fleuves difficiles à gérer.

Dès lors, il faut bien incriminer quelque part les défaillances de nos édiles communaux pour qu’ils prennent correctement en charge tous les aspects de la gestion de leur municipalité, y compris l’assainissement régulier des oueds et des voiries communales souvent oubliés, qui ne font pas l’objet d’entretien que leur état nécessite. Ce sont là des choses qui se font durant la période creuse de l’été.

Or, ce n’est pas toujours le cas, avec pour conséquence des inondations catastrophiques et des crues qui induisent des pertes en vies humaines pouvant largement être évitées. De fait, ces défaillances de la gouvernance communale sont induites par le faible niveau des édiles municipaux souvent «cooptés» plutôt que choisis sur des critères de compétence, d’intégrité et disposant des capacités de gestion reconnues. On oublie souvent que l’APC est un «gouvernement» qui gère une unité territoriale: la commune.

Qui dit gouverner dit gestion, savoir-faire et suivi, en un mot, avoir un programme sur le moyen et le long termes. Il faut également relever que la «commune» algérienne comprend parfois plusieurs localités qu’à l’évidence, il n’est pas toujours aisé de gérer correctement. Ceci explique sans doute cela, mais qui ne saurait être une excuse face aux faiblesses de la gestion des communes.

Aussi, il faut sans doute multiplier par trois ou quatre le nombre des municipalités algériennes (actuellement au nombre de 1541) pour qu’elles soient réellement prises en charge et qu’il n’y ait pas surcharge, avérée ou non, qui laisse en marge de la gouvernance municipale des centaines de localités et villages. Ainsi, il a été déploré la mort d’une dizaine de personnes emportées par les eaux lors du week-end.

Nous persistons à dire que ce n’est pas normal que des Algériens puissent mourir en 2009 du fait d’une inondation ou de la crue d’un oued, aussi marquantes soient-elles. Aux autorités publiques et locales de prendre et d’assumer leurs responsabilités. Chaque mort sur la route, chaque mort du fait des éléments de la nature, souvent par imprévoyance est, et reste, une mort de trop.

N. KRIM

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