dimanche 13 septembre 2009

Rentrée

Les rentrées scolaires se suivent et se ressemblent. Du moins telles qu’elles nous sont montrées par la télévision: d’abord on insiste lourdement sur la préoccupation des hauts responsables de l’Administration et on multiplie les citations qui expriment leur intérêt vers ce secteur tant décrié par les sociologues, les pédagogues et démenti par les résultats finaux. Après le défilé des portraits des responsables, nous avons le privilège d’entrer dans les cours aménagées d’écoles neuves où des élèves impeccables, habillés tous de tabliers pro-pres uniformes, alignés en rangs bien distincts devant la levée des couleurs...Un rêve quoi!

Des enseignants de bonne humeur, des classes équipées de matériel neuf, tableaux blancs, tableaux verts, des piles de livres tout droit sortis des imprimeries, ordinateurs et une discipline qui jure avec le comportement ordinaire de ces garnements quand ils n’ont pas de caméras devant eux.


Et tout se passe dans un climat de sérénité et de calme étonnants: seule la voix monocorde du reporter vous inonde avec une avalanche de chiffres difficilement assimilables tant le débit est dru. Qu’importe! Il faut donner l’impression que le pays avance et que des progrès sont accomplis chaque année dans toutes les directions, que cette année sera meilleure que celle qui s’est écoulée et bien moindre que celle à venir. Cela est aussi vrai que la Révolution continue: la preuve c’est que même les non-voyants vont bénéficier de nouvelles dispositions.


On ne se lasse pas d’écouter le nombre de nouvelles unités scolaires réalisées et réceptionnées, le nom-bre de nouveaux élèves inscrits, le nombre d’enseignants mobilisés afin que la rentrée scolaire puisse démarrer sur les chapeaux de roues. Les interviews de responsables optimistes quant au bon déroulement de la rentrée. Cette année, même le secteur privé occupe une place de choix dans le projet pour former, éduquer une nouvelle génération d’Algériens.


Après avoir ingurgité une certaine somme de données difficiles à contrôler, le téléspectateur se sent pris d’un certain malaise où le déjà vu se mêle à l’incomplet: en effet, il manque dans ce beau ramassis de demi-vérités assénées avec un fort débit l’autre son de cloche! On n’a pas vu ou entendu le point de vue du consommateur, c’est-à-dire en premier lieu, des parents d’élèves qui sont les premiers concernés par cet évènement itératif. A combien s’élèvera le coût de cette nouvelle rentrée?

Outre l’acquisition d’un nouveau trousseau qui (heureusement) coïncidera avec les habits neufs de l’Aïd, on n’est pas renseigné davantage sur l’évolution des prix des fournitures scolaires et leur impact sur un budget familial déjà aplati par un mois de Ramadhan...


On n’entendra pas les principaux concernés, c’est-à-dire les enseignants ou leurs représentants syndicaux, pas plus que l’on ne saura rien sur la charge moyenne des salles de classe. Il y a une impasse totale qui est faite sur les nouveaux statuts de la Fonction publique et les augmentations de salaires attendus depuis si longtemps que certains enseignants en ont perdu l’espoir. On ne sait rien des classes qui ferment dans certaines régions, faute d’élèves comme on effleurera à peine le problème du ramassage scolaire.

Il faut aussi noter l’absence de tout sujet relatif au problème du logement des enseignants,ni du nombre de membres de ce corps professionnel atteints chaque année de dépression nerveuse.
Faudra-t-il classer cette affection comme maladie professionnelle? Une chose est sûre cependant: la mesure prise par le département de M.Benbouzid d’exiger le port du tablier pour les écoliers, fera de l’année 2009-2010, une année «bi-textile»!

Selim M’SILI

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