dimanche 13 septembre 2009

Forcément irrésistibles

Il est temps que tout le monde en prenne conscience, l'Amérique ne peut pas tout faire toute seule. Le propos, sinon l'aveu, est de Philip Gordon, le secrétaire d'Etat adjoint qui est à l'affût de tout partenariat qui pourrait aider l'empire à surmonter ses craintes. Sans le vouloir, il l'a laissé sous-entendre : la bonne entente entre Barack Obama et Dimitri Medvedev, le Président qui a jugé son pays arriéré et corrompu, n'est pas pour changer la face du monde.

Une Fédération de Russie qui se limite à céder le passage à l'Otan sans aller jusqu'à détruire les champs de pavot en Afghanistan et qui déroule le tapis rouge à Hugo Chavez au moment où les Etats-Unis tentent de renverser la couscoussière néo-socialiste en Amérique latine ne peut être considérée comme un partenaire fiable.

Il est tout à fait naturel que quand l'Amérique se tourne pour chercher des partenaires, c'est sur ceux de l'Europe qu'elle tombe. Ses alliés. Sur qui elle peut compter pour normaliser la situation en Afghanistan parce que Robert Gates n'aime pas parler en termes de victoire ou de défaite du côté de la vallée de Swat ?

Vers l'Allemagne, où le sauvetage in extremis d'Opel va peser lourd sur la balance électorale, la CDU d'Angela Merkel devant rafler la mise ? Vers l'Italie de Silvio Berlusconi, qui a juré qu'il n'a jamais sorti une lire de sa poche (en fait un euro) pour payer une prestation extraconjugale et qui, devant un Zapatero médusé, s'est dit être le meilleur président du Conseil que son pays n'a pas eu depuis 150 ans ?

Vers la France de Nicolas Sarkozy, dont le ministre de l'Intérieur ne ferait plus la différence entre un Maghrébin et un Auvergnat ? Tout formidable qu'il est, Barack Obama n'est pas un magicien et il est impensable qu'il puisse cloner les 200 soldats supplémentaires que Madrid va envoyer en Afghanistan.

Sa politique étrangère ayant pris douche froide sur douche froide durant tout l'été, il a fini par succomber à des charmes irrésistibles mais si amers au travers de la gorge.

Après des mois de confrontation en public, l'Amérique d'Obama se prépare en coulisse à des négociations directes avec le régime ermite nord-coréen sous le prétendu parapluie des «six».

Après des années de défi, elle acceptera en outre de négocier la dernière offre des Iraniens alors que celle-ci occulte totalement le volet nucléaire. Reconnu pour être l'homme de tous les dialogues, le président Obama aurait-il cédé si la politique du bâton qu'il a hérité de W. Bush s'est soldée par des résultats concluants ? Il aurait certainement voulu s'asseoir à la table de toutes les négociations sous aucune contrainte.

De son propre gré. Mais cela implique un soutien sans faille. Particulièrement, celui de ses alliés du Vieux qui ne leur manquent plus que de se noyer dans le «lait de la discorde» que les agriculteurs européens déversent à tour de bras. Sans eux et sous la pluie, le huitième anniversaire du 11 septembre a semblé beaucoup plus affligeant que toutes les fois passées.

Par Anis Djaad

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