jeudi 25 août 2011

Copié-collé temporel

Certes, le monde est ainsi fait que, le cycle des saisons aidant, se reproduisent au fil des ans les mêmes phénomènes publics et collectifs, ici des bouchons de départ en vacances, là les ravages produits par la canicule ou les inondations, là encore les incendies ou les effets induits par les flux d’estivants ou de vacanciers d’hiver. Ces entorses à la routine et à la monotonie causent des dé-sagréments plus ou moins graves, plus ou moins bloquants, mais sachant que leur survenue est inéluctable, les sociétés s’y préparent et leurs gouvernants prennent des dispositions pour que la gêne ou le ravage soit réduit à sa portion congrue. Et chaque année, une fois l’orage passé, il s’établit un bilan, un débriefing pour voir si le dispositif mis en place a bien fonctionné, y relever et sérier les failles éventuelles et apporter les correctifs pour la saison suivante. Ces précautions et cette culture de veille sont des attitudes de gestion de la cité tout à fait normales, puisque ces problèmes sont prévisibles et la riposte à leurs dé-sagréments programmée. Il en est ainsi partout dans le monde. Mais dans leur irrépressible propension à cultiver le désir de se distinguer et de ne bien se mouvoir que dans l’exception, nos responsables font que chez nous, cela se passe autrement. D’une année à l’autre, on assiste aux mêmes phénomènes, petits tracas ou grands désastres, reproduits à l’exacte fidélité, comme dans une photocopie, à la nuance près si c’étaient des couleurs, à la virgule près si c’étaient des textes. Depuis non pas une ou deux années, mais des décennies, par exemple, tous les ramadhans pointent sur le calendrier avec leur provision inchangée de flambée des prix, ainsi que leur immuable fin chaotique à l’annonce de l’Aïd. Face à cette réédition de la même anarchie, les pouvoirs publics redoublent d’ingéniosité pour trouver la parade, mais elle ne reste valable que dans les confins de leurs communiqués. Si les citoyens, faisant contre mauvaise fortune bon cœur et prenant leur mal en patience, se sont acclimatés à l’anarchie dans les transports les jours de fête, les responsables des secteurs concernés semblent également s’être habitués aux mêmes désagréments, alors que leur rôle est justement d’éviter que cette anarchie se manifeste. Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer des solutions les plus simples, comme celle de multiplier les moyens matériels, en y mettant le prix, évidemment, pour absorber le surcroît d’affluence et de pression les jours de l’Aïd. Par contre, l’énigme reste sans conteste les bousculades devant les bureaux de poste, le citoyen n’arrivant pas à comprendre comment et pourquoi l’Etat ne lui donne pas son propre argent. Des commerces qui ferment carrément pendant les jours de fête, les postes submergées, le chaos dans les gares et stations routières, ce copié-collé à travers les années n’a lieu qu’à la faveur de l’impunité. De là à dire que nous avons affaire à un Etat laxiste, il y a un pas que seule l’extrême complaisance empêche de franchir.

N.S.

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