jeudi 25 août 2011

LE PHÉNOMÈNE BAÂZIZ EST DE RETOUR : Il remet les pendules à l'heure

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Le Cherchellois toujours en forme Le Cherchellois toujours en forme

«Je n'encourage pas les jeunes à partir car nous avons besoin d'eux ici», a affirmé Baâziz.

«Ils ont tué Matoub et Hasni mais Baâziz chante toujours». Cette petite phrase, qui continue à défier le terrorisme, est réitérée comme un hymne dans chacun des spectacles donnés par l'enfant de Cherchell, Baâziz. Ce dernier est plus que décidé à se maintenir dans le chemin qu'il s'est tracé dès le début de sa carrière, celui de la chanson engagée et défendre pleinement la patrie en usant d'un verbe cru. «C'est le style avec lequel je chante qui m'a choisi», a-t-il affirmé lors de son passage, dernièrement, dans la deuxième capitale du pays, Oran.
De son vrai nom, Bekhti Abdelaziz, Baâziz est né en 1963 à Cherchell dans la wilaya de Tipasa. Il représente actuellement, un des rares chanteurs qui continuent à composer les complaintes de liberté, s'attaquant, avec véhémence, au système de gouvernance, dénonçant toute forme d'intégrisme.
Chez Baâziz, la chanson engagée est basée sur l'usage du verbe satirique et humoristique sans toutefois verser dans un quelconque extrémisme. Sa voix, telle que reconnue par le chanteur lui-même, n'est pas trop fameuse. Baâziz n'a cessé, depuis l'entame de sa carrière, de bercer, à fortes posologies, les jeunes par son verbe passionné mais loin de toute affabulation tendancieuse ou encore violente. C'est fort probablement ce qui lui a valu une célébrité qui a dépassé les frontières de l'Algérie.
Autant de paramètres ont motivé le chanteur à passer à la défense des causes sociales, à la fois justes et nobles. «C'est une maladie héréditaire», nous a confié un de ses proches intimes. Tel père tel fils, cette maxime semble s'appliquer mot à mot au chanteur qui reconnaît avoir hérité de sa famille l'esprit revendicatif agrémenté par la réprobation des injustices d'où qu'elles viennent.
En effet, son environnement familial a été pour beaucoup dans l'inspiration contestatrice du chanteur. «Je suis issu d'une famille militante, mon père était militant du PPA (Parti du peuple algérien de Messali El Hadj devenu Mtid après la Seconde Guerre mondiale, Ndlr) tandis que ma soeur était de la gauche», a-t-il expliqué. «En décidant de prendre ma guitare, j'ai décidé de servir pacifiquement l'Algérie», a-t-il affirmé. Ses oeuvres sont toutes de revendication cassant les tabous, dénonçant la malvie, bousculant les esprits, abordant les sujets qui fâchent, revendiquant le bien-être des hommes et des femmes et même surprenant parfois. D'aucuns ne peuvent oublier de sitôt son coup d'éclat lors de l'émission Mesk Ellil transmise en direct par la télévision algérienne, et ce, en chantant le célèbre tube intitulé Waïli Waïli. En contrepartie de ses «coups de gueule, Baâziz a eu droit à tant d'interdits et de privations. Ainsi, il a été interdit de prendre part à la tournée Jil Music Live prévue du 5 au 21 juillet 2000. Mais l'artiste demeure à la fois inflexible et intransigeant dans ses positions.
«Je n'ai jamais eu peur d'interpréter la chanson engagée à Oran ou ailleurs. d'ailleurs, je n'ai jamais arrêté de le faire», a-t-il répliqué à une question relative à son show, trop chaud, qu'il a donné tout récemment à Oran dans lequel son verbe a été très aiguisé. «Seul le public me fait peur; une fois que je sens que celui-ci est satisfait, je m'en fous du reste», a-t-il affirmé d'un temps humoristique.
L'enfant de Cherchell est plus que déterminé à exprimer tout haut ce que ses concitoyens pensent tout bas. La reddition et le renoncement ne font pas partie de son dictionnaire. «Ce n'est pas à mon âge que je vais arrêter d'interpréter la chanson engagée», a-t-il indiqué. Et d'ajouter: «Je ne lâche aucune occasion de chanter pour les jeunes et mon public». Une telle déclaration renseigne sur le fait que Baâziz n'est pas près de prendre sa retraite. Mais ce qui semble peiner le plus Baâziz, est la situation précaire des artistes et les mesures prises par le département de Khalida Toumi. «Malheureusement, la politique du ministère de la Culture a presque corrompu les chanteurs en leur consacrant des salaires», a-t-il regretté. Et de là est né le renoncement de l'artiste quant à la voix et la voie contestatrices. Baâziz le dit sans ambages. «Cela ampute les libertés des artistes», a t-il déploré. «Je demande à l'artiste d'être libre», a-t-il préconisé. Sa dernière chanson intitulée Ya Babord est très controversée étant donné que celle-ci, dit-on, encourage les jeunes à braver les dents de la mer.
Baâziz se défend, bec et ongles, en prouvant le contraire. «Ça me fait mal au coeur d'apprendre que 900 cadavres algériens sont stationnés en Italie», a-t-il déploré. Et d'ajouter: «Je n'encourage pas les jeunes à partir, nous avons besoin d'eux ici».
Dans ce déluge d'audace sans frontières, le chanteur ne cache jamais son algérianité. D'ailleurs, il le démontre fièrement et fermement là ou il se produit. «Nous resterons-là, cette Algérie, qui est la nôtre, restera toujours à nous», ne cessait de répéter Baâziz du haut des grandes scènes artistiques. Baâziz est-il phénoménal? Cette prophétie, Baâziz l'a bien prédite lorsqu'il a subi les deux expulsions décidées par le régime du président tunisien déchu, Ben Ali. «Il paraît que je devenais un phénomène là-bas et cela gênait leur démocratie», a-t-il écrit dans un blog (Centerblog, diffusé le 4 décembre 2008).

«Le chanteur tunisien n'a pas été expulsé d'Algérie»
Formel et ferme dans ses déclarations, Baâziz a démenti toutes les assertions faites dernièrement par le chanteur tunisien, Bendir Man, appelé en Tunisie le Petit Baâziz. «Il ne s'est rien passé en Algérie, le chanteur tunisien, que j'ai aidé en Tunisie n'a pas été expulsé d'Algérie», a expliqué Baâziz, ajoutant: «heureusement que j'ai 20 musiciens qui sont témoins de la tournée tandis que la personne qu'il a accompagnée jusqu'à l'aéroport est là». Sur sa lancée il dira que «le chanteur n'a pas été interpellé par les officiers mais j'ignore ce qui lui est arrivé après qu'il eut quitté l'aéroport». Baâziz, met tout le monde dans le même sac et hausse le ton lorsque l'odeur du mensonge se fait sentir. «Je me suis interrogé sur les raisons de ce mensonge», s'est-il exclamé avant d'ajouter qu'«il se peut que le chanteur, qui est encore jeune, soit en quête d'une célébrité rapide, ce qui est légitime».
«De toute façon, j'ai expliqué tout ça via la radio tunisienne», a affirmé Baâziz, expliquant: «le chanteur, qui était mon invité, était sous ma protection.»

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