jeudi 25 août 2011

DJOHER AMHIS-OUKSEL (INSPECTRICE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, ÉCRIVAINE) Pour une pratique de la lecture

On constate souvent que les enfants ne lisent pas. Il est temps de sortir du discours explicatif pour poser les vrais problèmes, tenter d'approfondir les causes pour mieux agir sur le terrain et ainsi initier des pratiques de la lecture. Un état des lieux au plan linguistique s'impose. La difficulté d'accéder à la lecture courante tient souvent à la non-maîtrise de la langue. Les acquis et les compétences de la lecture peuvent lever ce barrage. Il est nécessaire d'envisager une enquête globale pour déterminer les attentes des nouvelles générations. Il est indispensable de susciter l'intérêt pour les oeuvres authentiquement algériennes, ce qui n'exclut nullement la connaissance de productions universelles qui ont nourri de nombreuses générations et ont favorisé le développement de la pensée. L'école a un rôle primordial à jouer en s'inscrivant dans la connaissance d'ouvrages littéraires. C'est aux pédagogues qu'il revient de faire la promotion de la lecture et de provoquer le plaisir de lire. Le reste suivra: écriture, édition, créant ainsi une dynamique.
Un credo: faire lire, faire lire. La priorité: agir sur le terrain, ce qui suppose pour une génération d'enseignants une ouverture culturelle capable de saisir les enjeux immédiats de la classe et de la lecture comme vecteurs d'enrichissement de la pensée. Ainsi, la lecture ouvrira de nombreuses perspectives et aidera à forger la personnalité de l'enfant et de l'adolescent.
La lecture ne doit pas être une contrainte.
Elle est d'abord un plaisir. Dans une première étape, intégrer la bibliothèque dans les activités de classe afin d'échapper aux contraintes bureaucratiques.
Une armoire dans une classe qui sera enrichie par des dons de parents ou d'institutions et mise à la disposition des élèves maintenant ainsi un espace de liberté.
La lecture est d'abord un acte individuel non structuré qui pourra déboucher sur des activités encadrées et le moins possible contraignant. Il revient à l'enseignant d'innover pour créer une émulation au sein de la classe: un lecteur fait partager son expérience, son enthousiasme et suscite le désir, la curiosité d'aller à la découverte de l'oeuvre. Il faut habituer les élèves à percevoir le sens des mots en contexte: c'est la fonction de la lecture suivie et dirigée de développer la maîtrise de la langue et d'aider à une meilleure compréhension des textes. Cette première étape est importante: familiarité avec l'objet livre, curiosité pour le contenu, désir de varier la thématique; ainsi le livre aura une fonction incitative, ne sera plus un objet matériel mais deviendra un vecteur essentiel de réflexion critique, de culture et d'ouverture sur l'autre. La deuxième étape permet d'aborder la fonction didactique de la lecture. A ce stade, la fiche de lecture aidera à organiser les connaissances, à structurer la pensée. Ce travail est personnel: il engage l'intelligence, la réflexion, la capacité d'analyse et de synthèse. Le rôle de l'enseignant est d'orienter l'élève en lui suggérant des pistes de recherche et de provoquer un questionnement. Il faut beaucoup de passion, d'engagement, d'enthousiasme pour faire la promotion de la lecture et saisir les motivations des uns et des autres.
Ainsi, dans une démarche pédagogique, il faut éviter le dirigisme et laisser s'exprimer la créativité, mais on ne peut aller à l'aventure: apprendre à ne pas accepter pour argent comptant ce que dit le texte; apprendre à observer, à vérifier, à contrôler, à interpréter.
Les nouvelles approches de textes font une large place à l'interprétation selon les points de vue. Les activités de groupes, le brainstorming élargissent les perspectives de lecture, développent le sens de la communication: lire une oeuvre, en parler, échanger, faire preuve d'esprit critique, c'est tout cela le sens de la lecture.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire