jeudi 25 août 2011

Les talk-shows islamistes s'emparent de la politique du Printemps arabe

«Certains pensent que l'Islam n'a rien à voir avec la politique. Je défends le contraire, car l'Islam intègre la politique dans son fonctionnement.»
Talaat Romeih, rédacteur en chef du journal Al-Fateh.

Depuis le début de la révolution arabe en Égypte, plusieurs programmes ont vu le jour, d'autres se sont adaptés à la réalité de la situation politique. Et durant le Ramadhan des chaînes satellites religieuses diffusent pour la première fois des talk-shows islamiques au contenu politique. Un moyen de répondre aux laïcs et de participer à l'effervescence politique. Masr Al-Guédida sur Al-Nas, Masr Al-Horra (l'Egypte libre) sur Al-Hikma (la Sagesse), Al-Malaf (le Dossier) sur Al-Rahma (la Miséricorde), et Mizan Al-Coran (la Balance du Coran) sur Al-Hafez (le Gardien) sont autant de talk-shows diffusés pour la première fois sur les chaînes satellites religieuses.

Ces programmes sont animés par des cheikhs télégéniques, qui débattent, en présence d'invités, de l'actualité politique, économique et sociale du pays, tout en s'appuyant sur les valeurs d'un Islam modéré et tolérant. Ses talk-shows islamistes, tentent de concurrencer certaines chaînes laïques en visant un public jeune. Le premier à avoir inventé ce type de prêche télévisé est le prédicateur vedette Amr Khaled, à travers son talk-show islamique «Paroles du coeur», premier programme du genre, où il utilise les mêmes ficelles que les évangélistes américains.

Même si ses nouveaux talk-shows ne rivalisent pas avec Amr Khaled ou Qaradhaoui, ils visent tout de même à changer le paysage audiovisuel jusque-là dominé par les grandes chaînes. Dans une Égypte de l'après-Moubarak, la lutte contre le courant islamo-conservateur ne cesse de s'accentuer. Les laïcs et les libéraux ont récupéré tous les médias, y compris la presse et les talk-shows, essayant par tous les moyens de contrer le mouvement politico-religieux des Frères musulmans et des salafistes. Wessam Abdel-Warès, directeur de la chaîne salafiste Al-Hikma et animateur de l'émission Masr Al-Horra, le premier talk-show du genre diffusé après la révolution, indique que l'initiative de ses talk-shows islamiques vise d'abord, à contrecarrer l'influence des chaînes laïques, lesquelles donnent l'image d'un Islam archaïque.

Un avis partagé par le prédicateur Safwat Hégazi qui tient à rappeler aussi les appels à un État islamique, les banderoles et les slogans religieux lors du «Vendredi de l'unité» qui a témoigné de la présence d'islamistes de différentes tendances. Outre les émissions religieuses quotidiennes et les leçons sur la sunna, on diffuse des talk-shows présentés sous forme de journal hebdomadaire, où l'on évoque des sujets politico-religieux et de société qui intéressent les téléspectateurs. Durant deux heures, les sujets abordés sont commentés par des intervenants dans un studio au nouveau décor original.

Ces émissions ont toutefois suscité de vives critiques de la part d'acteurs politiques et médiatiques, qui considèrent qu'elles banalisent un courant de propagande politique sous couvert de religion. Avant le 25 janvier, le phénomène était impensable, car les chaînes satellites religieuses restaient fondamentalement apolitiques. Aujourd'hui, les islamistes profitent de la liberté pour essayer de s'emparer non seulement des tribunes des mosquées, mais aussi de celles des chaînes satellites. La plus regardée reste la chaîne Al-Hikma, laquelle avait diffusé une émission à propos du procès de la fille musulmane qui aurait été violée par un médecin chrétien.

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