mercredi 25 mai 2011

Les réformes au lieu du changement ?

Avant que Louisa Hanoune ne déclare être “pour les réformes mais contre le changement”, les choses étaient confuses. Et on devait être nombreux à penser que les réformes visaient le changement.
Eh bien, non. Les réformes, c’est le contraire ou, tout au moins, l’alternative au changement. Quand un pouvoir n’a pas les moyens d’imposer le statu quo à une demande de changement, il propose les réformes, c’est-à-dire des changements dans les modalités de sa propre maintenance.
Le régime qui, aujourd’hui, agite un laborieux processus de révision constitutionnelle, a, quand ce fut encore possible, en quelques jours, revu la Constitution pour en abroger le principe d’alternance au pouvoir et l’alléger des prérogatives du chef du gouvernement, sans s’obliger à consulter.
L’Algérie a assumé de longs rounds de consultation en guise de solution placebo à ses crises politiques récurrentes. Comme les précédentes fois, le défilé de consultés en fera une longue croisière qui occupera la presse à regarder défiler des personnalités qu’elle ne connaissait pas et des dirigeants politiques qu’elle ne connaissait plus. Tenez : qui se souvient de Abdelkader Hadjar et de ses troupes du RPR ? Qui peut nous dire qui est Abdelkader Akif et quelles actions du PND devrait-on retenir ? S’ils n’étaient pas passés déposer leurs propositions avant-hier, on n’en aurait pas autant parlé hier. Et la commission n’aurait pas trouvé grand monde à écouter.
Où sont passés le PAHC, le PUP, le RNA, le RABI ? Il suffit de leur trouver un chef, quelqu’un qui ne refusera pas d’être tiré du néant par la commission Bensalah : il y aura de quoi remplir soixante-deux séances de commission, comme au temps du “dialogue national” initié par le ministre de la Défense “civil”, disait-on, devenu président de l’état. Alors que le chemin de la Présidence passait par le ministère de la Défense, le dialogue menait à l’impasse qui justifiait le passage en force.
Le jour où Louisa Hanoune est allée marquer son attachement au régime des quotas tout en appelant — en connaissance de cause — à la fin des quotas, la commission recevait deux membres de la société civile, mais tous deux députés RND à temps perdu. Apparemment inquiète de ce que la prochaine Assemblée nationale sera élue dans la transparence, Louisa Hanoune veut une législative anticipée ; histoire de s’assurer un dernier mandat, au cas où… Mais non, la réforme, ce n’est pas le changement : c’est vous qui le dites !
Si le changement fait peur à “l’opposante” Hanoune, comment pourrait-il inspirer des députés qui vivent de ce système qui autorise toutes les confusions entre militaires et civils, entre opposition et majorité, classe politique et société civile, réforme et changement… ?
Comment le pouvoir compte-t-il, en effet, puiser du changement dans l’esprit de toute cette faune à statuts divers qu’il a inventés, qu’il peut, par le pouvoir de la rente, enterrer ou ressusciter à volonté ?
à voir l’intérêt tout relatif des Algériens pour le discours des consultés, on s’aperçoit que, contrairement à leurs “élites”, eux l’ont compris : le changement, ce n’est pas l’affaire du pouvoir.

M. H.

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