mercredi 25 mai 2011

Cannes, visa pour la gloire et la décadence

«Cannes, c’est d’abord un escalier un escalier facile à monter...difficile à descendre.»
Claude Lelouch "Extrait d’ Itinéraire d’un enfant très gâté"

On attendait le sacre de nos beurettes, Leïla Bekhti, Hafsia Herzi, Sabrina Ouazani et Biyouna, comme Les Indigènes de 2007, on a eu droit à un Samy Nacer scandaleux L’image des stars maghrébines a pris un sacré coup sur la Croisette. Après avoir attiré l’attention sur lui lors d’une légère altercation devant l’hôtel Martinez pendant le festival de Cannes, Samy Naceri dérape encore et toujours! L’acteur serait retourné en garde à vue cette fois-ci pour exhibition et insultes. Ce serait devant des passants venus lui demander une photo que l’acteur n’a pas trouvé mieux que de «baisser son pantalon et montrer son anatomie en proférant des insultes» selon le journal Nice Matin. Suite à cette nouvelle frasque, le comédien de Taxi a été entendu par la police hier après-midi et ce matin. Une nouvelle interpellation qui n’est pas de très bon augure pour la réputation de l’acteur...et ça gâche déjà une journée noire et ratée des étoiles du film La Source des femmes de Radu Mihaileanu, qui sont parties de la Croisette bredouilles. Ni palme ni prix d’interprétation collectif.


Et pourtant, l’opération de charme des filles du Maghreb avait bien commencé sur Canal+ et sur les escaliers de la Croisette. La Marocaine Leïla Bekhti, César du meilleur espoir féminin 2011, la Tunisienne Hafsia Herzi qui a reçu ce même prix en 2008 pour La Graine et le mulet, l’Algérienne Sabrina Ouazani qui avait participé à Cannes l’an passé pour Des Hommes et des dieux et bien sûr l’icône vivante Biyouna, chanteuse, danseuse, actrice algéroise et égérie de Nadir Moknache qui avait raté les marches avec Delice Paloma et qui se rattrape avec ce film d‘un réalisateur juif franco-roumain, La Source des femmes. Un film coloré comme les puits de Fez, qui se déroule quelque part entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont chercher l’eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce, depuis la nuit des temps. Leïla, jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l’amour: plus de câlins, plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village. Un film osé et rosé, qui plaît aux critiques avides de folklore et mosaïque.


Ceci côté paillettes, côté réalité, deux comédiennes marocaines, Soufia Issami et Sara Betioui, héroïnes de Sur la planche, sélectionné à la Quizaine des réalisateurs, ont été refoulées par la police française à l’aéroport de Nice, faute de présentation de l’invitation officielle du festival et de la prise en charge qui étaient rangées dans leurs bagages en soute. L’histoire finit bien pour les deux jeunes femmes qui ont pu revenir vendredi juste à temps pour assister à la deuxième projection du film. Ou encore ce jeune réalisateur algérien sélectionné pour le Short Corner qui s’est vu refuser son visa alors qu’il avait une lettre officielle d’invitation. C’est cela Cannes, la gloire et la décadence d’un festival basé sur le réseautage, le lobbying, le copinage et, bien sûr, la politique culturelle.

Amira SOLTANE

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