samedi 26 septembre 2009

Un gourou pour Bouteflika

Les milieux d’affaires algériens s’inquièteraient de la visite de Bouteflika à Chavez. Pourquoi donc ? Parce que cette visite n’aurait rien à voir avec le prochain sommet Afrique-Amérique latine, ni d’ailleurs avec les relations entre l’Algérie et le Venezuela. Il s’agit en fait, selon certains medias «très perspicaces», de la rencontre entre un élève et son mentor. L’élève, c’est le président algérien, et le mentor, c’est le président vénézuélien. On rappelle volontiers que chaque fois que le premier a rencontré le second, il a pris des décisions importantes. Sur la politique des hydrocarbures, l’économie, la libéralisation, le rôle des banques, la LFC…

Ainsi, tout ce qui est fait chez nous provient d’Amérique, mais pas de l’Amérique à laquelle on pense, bien au contraire. Les milieux d’affaires seraient inquiets précisément parce que Bouteflika est entraîné, selon eux, dans une politique contre l’Amérique à laquelle on pense, voyez-vous. Sous influence idéologique, nous serions devenus un simple satellite d’un pays à peu près de notre dimension.

Mais à quoi correspond donc une idée ? Ni plus ni moins qu’à ajouter un argument supplémentaire à la campagne menée contre les mesures prises dans la loi de finances complémentaire. Après le louvoiement de Redha Hamiani, président du FCE, qui souffle du froid et du chaud contre le gouvernement à qui il réclame le statut de partenaire pour son association, après que les autres organisations patronales déclarent soutenir la LFC, quand ils ne préfèrent pas se taire, après, enfin, que Issad Rebrab affirme, en toute indépendance, son adhésion nette et entière à la nouvelle politique économique, il ne reste plus que les milieux d’affaires étrangers.
A-t-on besoin de décrypter leurs positions ? Bien sûr que non. Ils sont contre la LFC en gros et en détails. Ils le disent rarement eux-mêmes car ils ont les relais médiatiques nécessaires pour cela. Leur campagne n’a pas cessé depuis l’annonce des nouvelles mesures gouvernementales. On a tout entendu : les Algériens sont dans une situation «catastrophique», «le marché automobile s’effondre» (comme s’il existait autrement que sous forme de souk), «désormais, le pays n’importera plus ce dont ses citoyens et son économie ont besoin pour vivre» (plus le mensonge est gros… disait Goebbels), «toute l’Algérie est en régression à cause de la LFC» etc.

On a tout entendu, et on entendra davantage les prochaines semaines et les prochains mois. Comme par exemple que le gouvernement est en train de renoncer à ses propres décisions ou qu’il va le faire à l’occasion de la loi de finances 2010. Mais cette trouvaille d’un président algérien sous influence de son homologue vénézuelien, et qui va rechercher aussi loin sa source d’inspiration, dépasse toutes les autres.

La vérité est pourtant simple : les milieux d’affaires étrangers en question ne veulent pas qu’un pays comme le nôtre tente de mener une politique indépendante. Que la LFC soit critiquable, qui en douterait ? Ce n’est ni le Coran ni la Bible. Mais il faut montrer en quoi elle l’est vraiment, et non chercher des gourous au Venezuela.

Aïssa Khelladi

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