samedi 26 septembre 2009

Quel lien entre le Prophète Mohammed (Qsssl) et le film de Audiard?

«Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison.»
[Saint Mathieu]

En regardant hier au cinéma, le film Le Prophète de Jacques Audiard, je me suis posé la question: «Peut-on illustrer le prophète Mohammed (Qsssl), sans le préciser et surtout sans créer la polémique comme celle des caricatures, dans un film?» Alors que la polémique du film a enflé du côté des Corses, puisque le film offre une image négative des Corses ou du moins une image peu reluisante. Le film qui est une idée originale d’un jeune scénariste algérien Abdel Raouf Dafri, auteur notamment de La Commune, produit par Canal + sur l’univers violent de la Banlieue mais aussi du script de Mesrine: L’Instinct de Mort et Mesrine: L’Ennemi public N°1 de Jean-François Richet, ne se présente pas comme un film religieux malgré le titre.

Abdel Raouf Dafri a réussi à assembler sans créer la polémique, l’univers de la prison en France en assimilant le parcours d’un détenu à un prophète, en l’occurrence Mohammed (Qsssl). Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena, 19 ans (magnifiquement interprété par Tahar Rahim), ne sait ni lire ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul au monde, jeune et fragile, il est très vite mis sous la coupe d’un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite.

Au fil des «missions», il s’endurcit et gagne la confiance des Corses. La force du film dont la mise en scène est sobre, réside dans l’interprétation forte de ses comédiens, notamment Tahar Rahim et Niels Arestrup qui joue le rôle de César Luciani, le parrain des Corses. Le film s’attaque indirectement à l’Islam à travers l’organisation des détenus islamistes dans la prison. Mais au fil des séquences, on se rend compte que le scénariste a voulu coller les qualités du Prophète Mohammed (Qsssl) au personnage de Malik.

D’abord il ne sait ni lire ni écrire comme le Prophète, il est doué pour les affaires, courageux et se présente comme un grand combattant en allant seul, tuer quatre personnes dans un véhicule blindé et surtout libérer un chef de la maffia en lui offrant un ennemi qui voulait sa mort et surtout il est sincère et prévoit les choses avant leur arrivée. Mais la scène la plus significative reste celle de l’ange qui apparaît à Malik et lui récite les premiers versets de la première sourate du Coran envoyé par Dieu: Sourat Al-aâlak. Le réalisateur est allé même inscrire en arabe sur le plan le mot Iqra, pour mieux transmettre le message de cette illustration non déclarée de Mohammed (Qsssl).

Enfin l’autre scène significative, c’est quand Malik a fini par quitter le camp des Corses pour diriger le camp des musulmans dans la prison en finançant, notamment la mosquée. La scène finale du film est aussi représentative de la montée en puissance de Malik au même titre que le prophete Mohammed (Qsssl) en l’an 600. Ainsi on montre Malik, quittant la prison soutenant dans ses bras la veuve et son enfant. Celle-ci a hérité après la mort de son mari, d’une grande fortune et d’une caravane de 4x4 (comme le Prophète qui avait épousé Khadidja une veuve qui possédait une caravane de biens et de chameaux).

Si la critique et la presse française n’y ont vu que du feu, nous avons, de notre côté, décrypté ses sous-entendus des messages sémantiques du scénariste franco-algérien Abdel Raouf Dafri qui, en voulant coller les traits de caractères du Prophète, a su éviter la polémique née de ce film et qui s’est, pour le moment, concentrée sur le conflit entre les Arabes et les Corses. Bravo pour le slalom des non-dits religieux et bonjour la polémique!.

Amira SOLTANE

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