mercredi 9 septembre 2009

Réalité de terrain et réalité sur papier

D’après notre agence de presse officielle, l’audition du ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme a permis, entre autres, “de prendre connaissance des grandes lignes du programme quinquennal 2010-2014 dans ce domaine”. Pourtant, le programme quinquennal est supposé être connu de son auteur comme du public, plutôt dans les détails que dans ses “grandes lignes”. C’est d’ailleurs parce que nous avons pris connaissance de ce programme que nous sommes supposés avoir voté un troisième mandat pour celui qui doit le réaliser. Il ne devrait pas y avoir de nouveau au royaume de l’habitat et de l’urbanisme qui ne soit survenu depuis avril dernier.

L’audition précédente du ministre de l’Agriculture n’a pas non plus fait ressortir quelques faits nouveaux. Pourtant, la chronique de la dissipation de l’argent du FNDRA fait les choux gras de la presse depuis quelque temps. Mais malgré la gravité des faits évoqués, la précision des chiffres et l’identification des responsables concernés, l’opinion n’a droit qu’au silence en guise de réaction. Pas même une mise au point médiatique.

Ni les responsables incriminés ni les institutions auxquelles il revient de se pencher sur ce genre de questions, au moins quand l’insistance en devient troublante, ne se sont manifestés. Ni enquête déclenchée ni même une simple question parlementaire envisagée.C’est vrai que le ministre en charge de l’Agriculture à l’époque des malversations dénoncées a, depuis, changé de secteur. Ce qui lui permettra de parler d’autre chose que de l’agriculture et des questions que pose la gestion actuelle ou passée du secteur.

Ce qui permet, dans ce cas comme dans les autres, aussi de faire un bilan désincarné sans rapport avec ce qui se passe réellement sur le terrain. Une espèce d’exercice scolaire où il s’agit d’apprécier le contenu d’un document élaboré sur le mode “bilan et perspectives”, de style quantitatif, alignant quantités et pourcentages toujours en progression dans le sens du poil. Il ne reste plus qu’à améliorer une gestion et une projection bien menées par des orientations qui visent à en parfaire les résultats.

Est-il, par exemple, mentionné dans le document de l’éducation nationale que l’Algérie vient d’être classée 104e sur 104 pays participant aux Olympiades de mathématiques 2009 ? Deux de nos représentants ont eu la note 0 sur 42 et deux autres la note 1 sur 42 (total : 2 sur 164) ! L’un d’eux a été envoyé, par la suite, au Congrès hellénique de la jeunesse… pour l’encourager. À quoi ? Être le dernier de la classe dans ces joutes de l’intelligence appliquée au calcul pourrait être plus instructif — sans jeu de mots — que des pourcentages sur la réussite de nos élèves aux diplômes maison. Ou bien fallait-il faire comme pour le football : sélectionner les petits Algériens des lycées étrangers et les payer pour nous représenter dans cette confrontation des jeunes esprits ?

Ce n’est tout de même pas la médaille Field qu’on revendique, mais de ne pas être les cancres des maths, alors que nous fumes classés 21e, à notre première participation, en 1977. L’écart entre la réalité du terrain et les procès-verbaux diffusés par les canaux médiatiques officiels et para-officiels a quelque chose de traumatisant tant le monde décrit et le monde vécu sont éloignés.

Par :Mustapha Hammouche

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