vendredi 7 octobre 2011

Parle à mon foie, ma tête est malade !

Que faut-il pour lancer une bonne télé privée ? Un tas de…

… billets de 2 000 dinars !

La dernière sortie de H’mimed aura eu le mérite de nous rassurer. Les autorités de ce pays, à tous les étages du Palais et de ses annexes, s’occupent comme il le faut de nous. Je dois même dire qu’elles le font de manière organisée et rationnelle. Ainsi, H’mimed est en charge de notre foie. Il veille jalousement à le préserver de tout risque de cirrhose. Ghoulamallah, le ministre du culte, a, lui, pour mission de veiller sur notre foi. Une tâche qu’il remplit consciencieusement grâce à une armée d’imams au foie sain et à la langue souvent bien pendue, surtout le vendredi. Barkat s’occupe, pour sa part, de nos estomacs. Plus particulièrement durant le Ramadan, puisque le bon docteur confectionne et livre des couffins chargés de victuailles et d’amertume pour ceux qui les attendent dans les queues devant les mairies. Tou, le ministre des tunnels vides et des transports millimétrés, prend soin de nos jambes. En ne livrant que des bouts de tram et en retardant au maximum le métro, il nous force ainsi à solliciter encore et encore nos guibolles, favorisant leur vascularisation et diminuant donc les risques de phlébite. Amar Ghoul, estimant à juste titre que la marche seule ne suffit pas à nous garder en bonne santé, s’est mis à construire des autoroutes. De belles, de grandes, de larges autoroutes que nous nous empressons de couper, de barrer, d’enflammer avec des pneus et sur lesquelles nous jouons comme des fous à «cours après moi que je t’attrape» avec des policiers tout aussi joueurs et potaches que nous. Grâce à lui, en plus de marcher comme nous le prescrit Tou, nous courons dans tous les sens, comme des dératés. Pour finir souvent au commissariat. Et là, c’est Daho Ould Kablia qui nous chouchoute. Ah ! Daho ! Lui, c’est la partie massage et kinésithérapie de choc. Avec quelle vigueur il secoue nos os, les réveillant, les tordant dans tous les sens, les malaxant jusqu’à en faire de la pâte molle. Oh ! Bien sûr ! Les petites natures feront bien remarquer que ces séances se soldent souvent par des bleus sur tout le corps, mais ce qu’elles omettent fort malhonnêtement de préciser, c’est qu’une peau qui bleuit au contact de vigoureuses mains masseuses, c’est un signe de réactivité, de bonne sensibilité du derme et des terminaisons nerveuses. Et comment ne pas évoquer ici celui qui, du plus haut des étages du Palais, prend soin de nos cœurs. Il les fait battre comme personne ! Il les stimule à tout-va. Il les emballe. Il en accélère et en ralentit le mouvement comme un véritable chef d’orchestre. Un jour, il nous aime ! Et nos cœurs s’enflamment. Un jour, il nous insulte ! Et notre tension s’affaisse. Un autre jour, il nous lance «ça y est ! Je m’en vais et vous laisse à votre médiocrité !» Et nos cœurs se pincent d’effroi. Résultat de ce rodéo des cœurs, nos ventricules fonctionnent à plein régime et se ventilent au diable vauvert. Ne croyez pas qu’il s’agit là de maltraitance. Non ! C’est de l’amour ! Un amour sans relâche. Un amour assidu. Un amour fou ! Tellement fou qu’au prochain remaniement, il faudra prévoir un ministre psychiatre pour s’occuper aussi de nos têtes. De nos fantasmes. Et éviter que ne s’en réalise un principalement. Celui qui nous voit décimer toute cette équipe de gentils médecins et foutre le feu à la clinique. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

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