vendredi 7 octobre 2011

Missiles sol-air, mais que faisait l’Otan ?

C’est quand même extraordinaire cette histoire de disparition de 10 000 missiles sol-air des arsenaux libyens ! Qui le dit ? L’Otan. Plus précisément le président du comité militaire de l'Otan, l'amiral italien Giampaolo di Paola, lors d’une rencontre avec un groupe de députés du Bundestag (Parlement allemand) ! Cet honorable officier, cité par le Spiegel, craint que ces armes ne réapparaissent «n'importe où, du Kenya jusqu'à Kunduz» en Afghanistan !

S’exprimant samedi dernier sur les stocks d'armes de Kadhafi, Mohamed Hadia, responsable de l'armement du Conseil national de transition (CNT), a reconnu avoir perdu la trace d'au moins 5 000 missiles sol-air sur les 20 000 munitions achetées par le Guide à la Bulgarie et à l'ex-Union soviétique. Ajoutant, sans craindre le ridicule, que « malheureusement, il est possible que certains de ces missiles soient tombés entre de mauvaises mains». Tiens donc ! Du coup, l’Otan, ce bras armé de l’Occident, a sonné l’alerte générale. Pour l’Algérie, qui a du mal à expliquer le retard mis à reconnaître le CNT alors que Kadhafi et ses rejetons avaient pris la clé des champs, cette histoire de disparition de missiles est tombée à point nommé. Tout juste si nos dirigeants ne se sont pas écriés : «On vous l’avait bien dit, la chute de Kadhafi a ouvert la boîte de Pandore» ! Mais bon, l’Aqmi existait bien à l’époque du régime du bon Mouammar !

Et ce dernier, histoire de titiller son voisin algérien, fermait souvent les yeux sur l’activisme d’Al Qaïda aux frontières sud de la Libye ! Il faut savoir que le régime libyen voyait alors d’un mauvais œil la mise en place d’un commandement militaire unifié regroupant l’Algérie et les pays du Sahel pour traquer l’Aqmi. Plus grave – voir l’article d’ El Watan du 25 avril – Mouammar Kadhafi, que certains cercles dirigeants semblent regretter, n’a-t-il pas instrumentalisé le GIA contre le pouvoir de Liamine Zeroual ? Sur ordre de Kadhafi, les forces libyennes n’ont-elles pas, selon les confidences d’un ancien gradé de l’ANP cité par El Watan, violé la frontière algérienne en octobre 1997 avant d’être contraintes de reculer suite à la riposte de cette même ANP ?

Reste que si l’Algérie avait pris la mesure de ce qui se passait en Libye, à savoir que «Kadhafi c’est fini», on n’en serait pas là aujourd’hui : elle aurait pu, sans attendre la chute du Guide, jouer de son influence pour aider à sécuriser la situation libyenne et limiter, à défaut de l’empêcher totalement, le trafic d’armes résultant du pillage des arsenaux libyens. Car c’est sa sécurité nationale qui était en jeu ! Mais revenons à l’Otan. A qui cette organisation veut-elle faire croire qu’elle ignorait la réalité libyenne en intervenant dans ce pays ?

Il est en effet difficilement pensable que le bras armé des puissances occidentales ait fait montre d’un tel amateurisme en Libye. D’autant, c’est aujourd’hui admis, que des forces spéciales britanniques et françaises ont encadré et conseillé les «insurgés» libyens. Bien plus, s’étant assuré la maîtrise du ciel, les avions espions de l’Otan – avions radars Awacs, drones – et satellites scrutaient de jour comme de nuit le sol libyen. Chaque mouvement des forces de Kadhafi était repéré et ses troupes mises hors de combat ! Dès lors, comment 10 000 missiles, même portés à dos d’homme, ont-ils pu quitter le territoire libyen comme des lettres mises à la poste ? On ne sait pas si ces armes sont parvenues aux mains de l’Aqmi.

Toutefois, selon plusieurs quotidiens nationaux, l’ANP a renforcé son dispositif sécuritaire aux frontières est du pays. Car en Libye, la situation sur le court terme demeure incertaine. Tourné vers la situation interne, le CNT, qui doit d’abord en finir avec les «résidus kadhafistes», aplanir ses divergences internes, mettre en place des structures étatiques «provisoires» pour répondre aux urgences, n’est pas en mesure aujourd’hui, ni sur le court terme, de sécuriser le territoire libyen.

Par Hassane Zerrouky

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