vendredi 7 octobre 2011

La came «sucrée» d'Adrar

Sedira, le juge de Rouiba, a été attentif aux quatre plaidoiries d'où nous ne relevons que la détention et point de commercialisation.

La coutume qui veut qu'un avocat peut rendre une visite de courtoisie à un juge du siège le jour de l'audience, avait été respectée encore ce dimanche. Les avocats concernés par une grave affaire de trafic de drogue que la loi peut punir par la perpet s'étaient rendus chez Sedira, le président de la section correctionnelle du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès) en vue de le saluer avant la grande bataille qui s'annonce rude car pour la défense, point de trafic de drogue via la commercialisation.


En effet, les faits remontent au 27 septembre 2011. C'est un flagrant délit. Il est question de la réception d'un colis de dattes «deglet Ennour» où l'on découvrit une centaine de grammes de drogue traitée.

Cela suffit aux gendarmes d'entrer dans leurs gros sabots pour s'envoler vers la loi n°04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, une loi qui a déjà près de sept longues années d'application quotidienne sans pour cela que le fléau se mette dans ses petits souliers. Nous craignons, devant l'échec de l'action de cette arme de dissuasion massive, que le législateur change de redingote et aille carrément vers la «légalisation de came.»

Espérons que non, ya Allah! même si cette fois, la drogue avait été introduite dans un colis contenant des douceurs naturelles d'Adrar, comme pour éloigner tout doute sur le contenu réel de la boîte parvenue du Grand Sud. Et ici, Maître Rabah, Maître Kamel Siam, Maître Mourad Taleb ainsi que leur aîné, ce vieux renard de Maître Benouadah Lamouri avaient décidé, à l'unanimité, d'aller vers un petit oui... à la détention de came mais vers un immense «non!» à la commercialisation, un très grave délit sévèrement puni et qui est pour aujourd'hui la perpet (dixit Sedfira, le président).

L'essentiel aura été la sérénité des débats grâce à un bon président souverain, honnête et courageux et un procureur loyal, attentif et surtout à cheval sur la loi n° 04-18 du 25 décembre 2004.

Les détenus s'exprimaient entre les mâchoires, la trouille les empêchant de répondre clairement et à haute voix aux nombreuses questions de Sedira, le juge de Rouiba (cour de Boumerdès). Ils arriveront tout de même à dire l'essentiel du délit malgré la menace du lourd verdict qui les attend, si les faits étaient avérés. Un à un, les trois inculpés étalent leurs vérités ou ce qu'ils considèrent comme telle.

Calmement et comme s'il avait toute la journée pour entendre les quatre jeunes dealers, le président s'applique à écouter et prendre de temps à autre des notes qui peuvent servir lors de la mise en examen à l'issue des débats.

Les avocats, eux, assistent comme s'ils étaient dans une cérémonie plutôt lugubre. Le premier inculpé né en 1969, entre dans les dédales des déplacements entre Blida, Alger en train en vue de se plaindre du vol d'un engin à qui il tenait.

Le magistrat laisse dire l'inculpé car il voulait faire le lien entre la demande de l'adversaire de l'inculpé - le désistement autour de la plainte et le trafic de drogue. Le récit est long.
Le juge attend la suite et prend acte avec satisfaction des dires de l'inculpé qui avoue avoir reçu des gendarmes arrivés en trombe «me passer une paire de menottes en me précisant que la caméra m'avait surpris en train de déposer la came sur les lieux de la découverte».

Maître Benouadah Lamouri posera deux grandes questions relatives au dépôt de plaintes autour du vol de bijoux dont il avait été l'objet. «Oui, je me suis plaint à Corso et à Boudouaou, reconnaît l'inculpé que le co-détenu appuie dans ses réponses. D'ailleurs, à l'issue de l'audience, le juge infligera un dix-huit mois ferme aux deux premiers inculpés et la relaxe pour le troisième.
Mohamed Riad Belaroui, le procureur se lève et prend acte de la facilité avec laquelle les faits avaient été reconnus, malgré la tentative de diversion de l'inculpé qui était allé puiser cette histoire de vol de bijoux et de dépôt de plaintes «et il n'a jamais précisé à quel niveau les fameuses plaintes avaient été déposées», martèle le représentant du ministère public qui précisera que les quatre-vingt-treize grammes de came avaient été découverts dans une boîte de dattes venue du Sud. Il réclamera «dix ans d'emprisonnement pour les deux premiers inculpés qui allaient chuter de peur anticipée, et l'application de la loi pour le troisième inculpé».

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