vendredi 7 octobre 2011

Le dragon d’Octobre

Donnant de l’argent à tort et à travers, payant des baltaguia, effaçant les dettes des entreprises et octroyant des marchés publics accélérés en gré à gré sans respect des procédures, le régime n’en finit pas de ruser pour acheter de la paix au présent avec l’argent du futur. Ses timides réformes constituent l’autre pan de l’opération «nous pas bouger», comme s’il s’agissait de réparer une fenêtre cassée par un émeutier alors qu’il faudrait changer le cadre de la fenêtre, la façade en entier et l’émeutier, voire toute la maison et ses propriétaires.
Il y a 60 ans, Didouche Mourad entrait à 20 ans dans la lutte pour en finir avec un système profondément injuste.

Didouche est mort en héros et est aujourd’hui une rue sur laquelle beaucoup marchent sur leurs espoirs déçus ou errent le long de rêves inachevés. Il y a 20 ans, d’autres jeunes tentaient l’action, en Octobre 1988, et même s’il n’y avait évidemment pas le même sens qu’une lutte pour l’indépendance, des acquis ont été arrachés pour remodeler un régime sur la base d’une profonde libéralisation.
Octobre n’est aujourd’hui qu’un mois dans un calendrier rampant où rien ne bouge et les deux rêves de jours meilleurs se sont effondrés par gravitation.

Sauf que pour la première fois depuis 1988, décideurs et officiels ont été obligés de reconnaître les événements d’Octobre comme une étape décisive dans l’avènement d’un changement de système. Pour se défendre contre la contagion des révoltes dans les pays arabes et pour se disculper, ils ont été unanimes à dire qu’il n’y aurait pas de révolution en Algérie parce c’est déjà fait : il y a eu Octobre 1988. On pourrait donc les prendre au mot et revendiquer un nouvel octobre devant les décevantes réformes proposées et l’inamovibilité déclarée du système. Un nouvel octobre sans casse et sans Stan Smith. Les Algériens sont bien chaussés, grand acquis de 1962 et 1988.

Chawki Amari

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