vendredi 7 octobre 2011

Premier résultat de Halilhodzic

“Il paraît que même au gouvernement, on a parlé de ça”, s’est étonné Halilhodzic, entraîneur de l’équipe algérienne de football, agacé par les réactions insistantes à la non-sélection de Ziani.

Le problème, c’est que cela n’étonnerait personne. Les places, dans les représentations nationales, ont toutes le même statut : qu’il s’agisse d’ambassades, de centres culturels, de délégations d’Air Algérie ou de Sonatrach, elles sont conçues comme des points de collecte de la rente attribuable aux seuls membres des clans. Objets de luttes et de marchandages, leur attribution renseigne sur l’état des rapports de force entre clans.

L’impératif de compétition empêche les clans d’appliquer aux délégations culturelles et sportives le même mode de nomination que celui qui régente les missions diplomatiques, économiques et culturelles. Mais, chaque fois que cela est possible, on favorise la star officielle. Des manifestations “genre” “Année de l’Algérie en… tel pays” ou “Alger, capitale de tel art”, cela sert surtout à cela. En sport, l’exigence de résultat étant encore plus pressante, le procédé est moins aisé. Alors, les clans font la démarche inverse : ils essaient de s’apprivoiser l’élite établie et de normaliser politiquement leurs comportement et discours : comme cette sélection qui est allée jusqu’à médiatiser sa pratique collective de la prière sous la conduite de l’imam improvisé Achiou. En pays de “réconciliation nationale”, on ne change pas une équipe qui prie. Faute de gagner.

La presse, qui s’accoutume si aisément des hommes dont elle dénonce les résultats, contribue de toute son énergie à l’immobilisme. Elle se scandalise de l’état de l’école et s’accommode de la longévité pluridécennale de son ministre ; elle s’ahurit de l’effacement diplomatique du pays et ne voit pas que nos grandes ambassades sont devenues des retraites dorées à de vieux compagnons de route ; elle s’étonne du piteux état du championnat mais ne remarque pas que les “grands” clubs sont devenus des repaires d’affairistes et des machines à blanchir l’argent. Fidèle à elle-même, elle interpelle un entraîneur national, venu changer les choses d’une équipe qui, jusqu’ici, faisait couler plus d’encre, de salive et d’euros que de sueur, sur l’absence d’un cacique du onze officiel.

On le voit : le mercato intéresse plus que le championnat. Quand, en début de saison, Halilhodzic allait à la pêche au talent, pour dénicher, entre autres, un jeune transfuge harrachi du RCG Oran, les journaux faisaient la revue des montants de transferts et les entraîneurs en étaient encore à négocier leurs émoluments.

On ne peut encore faire une équipe nationale de niveau continental, pour la raison basique que les joueurs ne tiennent pas physiquement le temps d’un match. Les gens importants ont, privilège culturel, le droit de ne pas travailler. C’est même un cas de lèse-majesté d’observer que l’effort fourni par une personnalité, dirigeant ou vedette, n’est pas à la mesure de ses prétentions. L’avènement de cet entraîneur, s’il ne peut pour l’heure se mesurer à l’aune de résultats techniques, a déjà ce mérite : renvoyer chacun à son rôle. C’est un premier bon résultat de ce changement.

M. H.

musthammouche@yahoo.fr

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