mercredi 31 août 2011

The candidate (23)

Le sang sèche plus vite que les larmes. Après le carnage, les services de sécurité officiels sont rapidement arrivés à la Présidence et ont bouclé le secteur. Le patron de la police, probablement un sosie, a conclu à un accident de suicide collectif isolé.
- Alors, il est mort ou non ?
- Qui ?
Il est mort. Officiellement. Tout le monde est mort, les présidents comme les présidés, les décideurs comme les indécis et les vrais comme les sosies. Même le colonel Mu, un vrai, tué par sa propre balle qui a rebondi sur le bureau blindé. Seule survivante du massacre, Sarah, qui était à genoux au moment du drame, a tout raconté au journal El Watan. D’après H. Moali, qui ne croit pas à la thèse du suicide collectif, «la mort est une naissance», en ce sens où selon la tradition hindoue, tout n’est que cycles et réincarnations dans des sphères aussi occultes qu’un cabinet noir ou un édito d’El Moudjahid.
- Ne me dites pas que le président va se réincarner ?
- Dans un Algérien, un Marocain ou un Libyen ?
Sur la rue Didouche, où le cortège funèbre est passé pour une dernière communion avec la foule, le peuple s’est massé, les larmes aux yeux. La procession est descendue jusqu’à la place des Martyrs puis s’est rendue au cimetière d’El Alia.
- Mais finalement, qui est mort ?
- Je n’ai pas bien compris l’histoire.
Au cimetière, la cérémonie a été grandiose, bien que pour des raisons pratiques, tout le monde ait été enterré dans une fosse commune en marbre, rehaussée d’or massif. On n’a jamais su si on enterrait un président, un homme, un général, des décideurs. Ou un pays en entier.
- Au fait, c’est qui the candidate ?
Le docteur Mouse, présent à l’enterrement, a tenu à expliquer :
- Y a pas de sexe en anglais. Ça peut être un ou une candidate.
Oui, mais Sarah the candidate, ça sonne bien. Le rêve est permis. Bien qu’on pourrait le voir comme un pays dirigé par l’assistante d’un Américain.

The End

Chawki Amari

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