mardi 6 octobre 2009

«Combien je vous aime»

Il y a environ une semaine, le hilalien de la diplomatie marocaine évoquait à Genève le cas des camps de refugiés sahraouis chez nous. L’homme disait qu’il ne fallait pas qu’ils s’attardent plus que cela en Algérie et qu’une présence de 35 ans était déjà énorme. Dans des propositions plutôt renversantes, il invitait à leur dégoter un pays «tiers» sinon à leur appliquer une «intégration locale».

Quelqu’un a-t-il entendu dire qu’une république, serait-elle bananière, a jamais invité des populations qu’elle revendique à «aller se faire adapter ailleurs», selon le mot mémorable de Gaston Defferre, le défunt maire de la ville de Marseille ? Quel est le roi qui, au long de l’histoire, a réclamé à des gens qu’il prétend ses sujets de «s’intégrer» à une nation «antagonique». Vous aurez beau chercher dans les livres, interroger les goualas ou même les djinns, vous ne trouverez aucun exemple du genre.

Personne ne s’est montré disposé à envoyer son peuple à aller se faire voir ailleurs. Mis à part le… Maroc ! Les Franco-juifistes positiveront et diront probablement qu’il s’agit là d’un trop-plein de… démocratie. Pour notre part, nous dirons tout simplement que les populations de la Seguia El-Hamra wa Wadedhahab ne sont pas marocaines et qu’elles ne le seront aux yeux de la planète que si elles le confirmaient elles-mêmes dans une consultation libre.

Or, la confirmation n’interviendra que lorsque le sel fleurira, disent tous les petits doigts. En vérité, si le Maroc préconise avec une telle légèreté la diaspora aux Sahraouis, c’est pour la simple raison qu’il ne les perçoit pas comme d’authentiques ressortissants. Et puis, eux sont fortement contaminés par le virus républicain puisqu’ils se destinent à être des citoyens et non pas des sujets.

Pour peu qu’on leur ôte ce statut de refugié, témoin permanent de sa face hideuse, le makhzen est prêt de les voir dispersés comme il avait accepté hier de disperser le territoire et de le partager avec la Mauritanie. Y a-t-il dans le monde un Etat sensé, prêt à voir «son» territoire et «son» peuple charcutés avec sa bénédiction ? Même pas le Maroc, si l’on mettait sur le tapis ses frontières internationalement reconnues.

Par Mohamed Zaâf

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