mardi 6 octobre 2009

L'école et l'hôpital

Déjà que les grèves dans l'éducation ou la santé, dans l'absolu, n'ont jamais été populaires, on se demande alors comment les parents d'élèves et plus largement l'opinion publique pouvait apprécier des débrayages aussi mal engagés et si peu expliqués.

C'est qu'entre le discours syndical - ou politique - qui en fournit les motivations socioéconomiques d'une contestation et l'effort de crédibilisation qui devrait la prolonger, il y a toujours un gouffre difficile à combler.

Première réflexion du citoyen ordinaire : l'école et la santé sont déjà assez mal loties comme elles sont pour pouvoir supporter encore l'agitation qui opérerait des coupes dans leur temps d'activité.

A cette sentence un peu facile, mais qui ne manque pas pour autant de bon sens, réagit le gréviste dont l'argument procède du même état d'esprit : la santé comme l'école ne peuvent pas s'améliorer si ceux qui y travaillent ne sont pas mis dans les meilleures conditions sociales et professionnelles.

En termes plus terre à terre, le citoyen est plus proche du mécontentement que du soutien enthousiaste face à la grève quant elle vient à se déclencher dans ces secteurs si sensibles et si proches de leur quotidien.

Pendant que des parents d'élèves ou de malades fulminent, le médecin ou le prof s'esquintent à convaincre que la grève est bénéfique pour tout le monde et regrettent que leur mouvement n'ait pas trouvé la solidarité qu'il mérite auprès d'une opinion qui, décidément ne connaît pas très bien ses intérêts.

Pourtant, les uns et les autres peuvent se retrouver autour de l'essentiel : l'école comme l'hôpital sont deux choses trop sérieuses pour être laissés à la merci de l'humeur de leur personnel ou otages de l'intransigeance de l'autorité publique.

Un de nos collègues, qui a fait hier le tour des écoles et des lycées d'Alger, nous rapporte le très peu de sérieux qui a présidé à la gestion d'une journée de contestation par ses initiateurs : des enfants livrés à la rue pendant qu'on débraye pour un statut particulier, des indemnités et l'âge de la retraite, il y a mieux pour mobiliser une opinion qui ne se mêle déjà pas souvent de ce qui la regarde.

Au même moment est tombé dans toutes les rédactions d'Algérie le communiqué pas très convaincant dans son annonce d'une «grève possible» dans le secteur de la santé.

C'était signé par un syndicat des personnels de la santé publique et le débrayage, «si tout se passe bien», aura lieu «à la fin de ce mois». Difficile de vendre une colère quand on y met si peu d'effort et de conviction. Surtout que ce n'est déjà pas évident en y déployant tout le sérieux que requiert l'entreprise.

Slimane Laouari

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