mardi 6 octobre 2009

La vérité, si je mens!

Toutes les grandes affaires politico-maffieuses ont été portées avec plus ou moins de bonheur à l’écran. Si certaines ont été romancées, édulcorées ou additionnées de petites fictions fantaisistes, la plupart ont été rapportées avec la plus grande rigueur historique: la tentative d’assassinat de Charles de Gaulle par l’OAS, l’affaire du détournement de l’avion marocain transportant cinq membres du Gpra...

Ces tentatives d’adaptation à l’écran sont faites en général pour mettre en valeur la bonne organisation des réseaux d’information des pays de l’Ouest ou de chanter l’héroïsme des agents qui travaillent dans l’ombre pour perpétuer la mainmise occidentale sur les pays du Sud. Arte, la chaîne de télévision franco-allemande qui continue imperturbablement à conter la saga sioniste, a offert aux téléspectateurs des deux rives, la rocambolesque affaire de la capture de Klaus Barbie par les chasseurs de nazis en Amérique du Sud.

L’occasion nous a été donnée de constater que les officiers nazis, bien avant la promotion Aussaresses, donnaient des cours de maintien aux futurs tortionnaires des syndicalistes et hommes de progrès du monde latino-américain. L’implication des services de renseignements du Mossad et des autres agences de l’Otan est évidente dans les opérations consistant à conforter la tête de pont occidentale au Moyen-Orient.

Bref, c’est une histoire qui tient du roman! C’est un tout autre roman qu’auraient pu lire ou voir adapté à l’écran les citoyens du Maghreb uni si l’affaire avait abouti. On n’aurait pas pu imaginer meilleur scénario pour attirer le fondateur de l’Usfp dans un guet-apens: Marguerite Duras (Le Marin de Gibraltar, Moderato cantabile) avait été pressentie pour en écrire le scénario.

Georges Franju (Le Sang des bêtes, Les Yeux sans visage, Thomas l’imposteur) avait été contacté pour la réalisation du film. Un rendez-vous même a été pris avec Mehdi Ben Barka à la brasserie Lipp. Mais ce seront deux truands avec deux agents de la DST qui iront «cueillir» le syndicaliste et homme politique marocain qui vivait en exil.

Cette collaboration entre le milieu et les services a toujours été constante en Europe: en Italie, c’est la mafia qui a été sollicitée pour mater les paysans après 1945, et en France, le milieu marseillais a été mis à contribution pour briser les grèves de 1948. Mais dans la ténébreuse affaire de la liquidation de Ben Barka, beaucoup de soupçons ont pesé sur l’implication (dans l’écriture du scénario) du Mossad. Et les dernières informations font état du désir du général Oufkir de solliciter les services israéliens dans cette opération commanditée par le Palais royal.

Dans une interview donnée par Hassan II à une télévision française, le roi avait avoué qu’il avait, tout comme un chacun, «son jardin secret». Pour lui, il s’agissait sûrement du «verger du roi Louis». La disparition successive des principaux acteurs et témoins (Dlimi et Oufkir), l’avènement d’un roi soucieux de se donner une respectabilité n’ont pas permis à la vérité de voir le jour.

Les derniers rebondissements confirment que les intérêts liant la France au Maroc et l’importance du lobby sioniste ne permettront pas à la vérité de se manifester.

Cet intérêt de la France pour le pouvoir marocain vient d’être confirmé par l’allocation d’un fonds d’aide du ministère français de la Culture à Medi 1. CQFD.

Selim M’SILI

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