samedi 5 septembre 2009

Ali, le brut et le «méchant»

Ce qui devait arriver arriva. Le Congo a sombré quelques heures dans le chaos à l'annonce de la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle. «S'étant prêté au jeu, connaissant les règles du jeu à l'avance, chacun doit accepter le verdict des urnes», a soufflé l'héritier du fauteuil présidentiel à ses adversaires.

A quel jeu et à quelles règles a-t-il fait allusion ? A celui du suffrage universel et à son verdict démocratiquement incontestable ? A l'image de tous les rivaux politiques qui se respectent de par le monde, – Mohamed Khatami a même reçu une missive personnelle du président Obama –, ceux de Libreville ont mis des accents partout sur la «farce frauduleuse» qu'aurait été la récente présidentielle.

Pour l'opposition gabonaise, il ne peut y avoir de secret quant à la marque de fabrique. La France aurait eu les dix doigts brûlés si elle s'était contentée de suivre l'élection du haut des balcons de son ambassade à Libreville. Bernard Kouchner a dû jurer devant Dieu et devant les Gabonais que si Ali Bongo est le nouveau «monarque», la France n’y est pour rien.

Qu'est ce qu'ils ont donc tous ces Gabonais à vouloir tuer du français ? Ceux qui ont incendié partiellement le consulat de France à Port-Gentil, – ils n'ont aucun lien avec les méchants terroristes d'Al Qaïda au Maghreb, qui eux ont usé d'explosifs à Nouakchott –, croient dur comme fer que la France n'a fait qu'injecter du «sang recyclé». Qu'il s'appelle Ali ou Omar, c’est du pareil au même.

Tant que les groupes Total et Schlumberger se servent du brut à la pompe, le Gabon ne peut prétendre à une véritable démocratie. Faudra-t-il remplacer systématiquement la traditionnelle Francafrique par la balbutiante Chinafrique pour qu'enfin la démocratie ne ressemble plus au néocolonialisme ? A Libreville et à Port-Gentil, les opposants à Ali n'ont pas une minute à eux.

Ils vont devoir puiser jusqu'au dernier recours. Il existe des canaux juridiques et institutionnels auxquels Ban Ki-moon (le secrétaire général qui assure gérer les affaires onusiennes différemment) les a exhortés. D'ici à les emprunter, toutes les parties sont invitées par Washington à rester calmes. Evidemment, cette position ne peut se substituer à aucune autre tant que l'Occident entier pense que l'imbroglio afghan n'a pas encore été démêlé.

Certes, Abdullah n'est pas du genre à appeler ses partisans à l'insubordination mais «préparer psychologiquement» l'opinion afghane à la réélection de Hamid Karzaï l'indispose.

Même s'il est conscient qu'excepté son rival pas un autre dans lequel les Occidentaux placeraient leur entière confiance en Afghanistan. Seule différence avec le Gabon, il n'y pas un Ben Laden qui promet prochainement un beau cadeau aux musulmans et des talibans pour le remettre de leurs mains recouvertes de sang.

Anis Djaad

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