mercredi 2 septembre 2009

Le G20 et le trafic d’armes

La session spéciale de l’Union africaine qui s’est tenue à Tripoli (Libye) s’est penchée sur l’«Examen et le règlement des conflits en Afrique». En effet, notre continent vit de multiples conflits qui offrent un aspect endogène difficilement contestable alors qu’en réalité et sans une participation active de forces extérieures, les Africains sont dans l’impossibilité matérielle de créer des conflits comme on en voit en Somalie ou au Darfour. Prenons seulement le cas des pirates somaliens qui s’attaquent depuis quelques mois à des navires. Comment de pauvres bougres qui n’avaient pas de quoi se «payer un repas», se retrouvent à la tête d’une organisation paramilitaire bien structurée mais surtout très bien armée.

Les armes ont un prix. Comment fait-on pour les payer quand on n’a pas de quoi se payer un pain? Les commanditaires extérieurs qui les financent ont la partie facile. Il leur suffit de financer une ou deux opérations de piratage pour amorcer le processus et se faire relayer par les versements des rançons. C’est pourquoi l’Algérie, par la voix de son président de la République, a déclaré que «le versement des rançons doit être criminalisé (...) il est impérieux que la communauté internationale se mobilise autour de cet objectif en oeuvrant de façon solidaire au tarissement des sources de financement (du terrorisme)».

Comment les armes parviennent-elles au Darfour? Par le trafic, évidemment. C’est pourquoi le Président Bouteflika a tenu, toujours à Tripoli, à «interpeller la communauté internationale pour s’engager résolument dans la lutte contre le trafic d’armes». Il faut savoir que sans le trafic d’armes il ne peut y avoir de conflits ni d’actes terroristes.

Il n’est pas à exclure que le Président algérien avait à l’esprit également la dernière affaire de l’Arctic Sea, ce vraquier qui avait tenté de livrer aux maquis algériens des armes dissimulées dans une cargaison de bois, avant d’être dérouté par un commando au large de la Suède. Une chose est sûre, ce trafic d’armes disposait de la complicité la plus large de nombre de pays européens. Les pirates ont pu prendre le contrôle du bateau et longer toutes les côtes de la mer du Nord bordée par pas moins de huit pays européens, poursuivre l’odyssée tout le long de la Manche, franchir le détroit du Pas de Calais pour se retrouver plusieurs jours après, dans une île face...à la Mauritanie.

Huit pays européens qui ont fermé les yeux et la bouche tout le temps qu’aura duré la piraterie avant l’intervention des navires de guerre russes. On vous le donne en mille, le fait que les pirates aient bénéficié d’un tel silence de la part des médias et gouvernements occidentaux est en soi une signature. Une signature bien «visible» pour la raison simple que ces mêmes médias occidentaux n’auraient sûrement pas fait de cadeau à l’Etat algérien s’il avait été impliqué.

Une signature que le leader libyen affirme reconnaître en celle d’«Israël qui ravive les conflits en Afrique à travers son encouragement aux minorités ethniques et religieuses». Ce qui expliquerait l’embarras des Européens dans l’affaire de l’Arctic Sea. Ce qui expliquerait aussi pourquoi l’Occident, au G20 par exemple, n’a, jusque-là, pas encore abordé la lutte contre le trafic d’armes. Les Africains réunis à Tripoli le savaient.

Zouhir MEBARKI

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