mercredi 2 septembre 2009

Tripartite

Au moment où beaucoup d’Algériens reviennent de congé, certains bien bronzés parce que le soleil de Tunisie s’est mis de concert avec la politique touristique de ce pays pour retenir le plus longtemps possible et à moindres frais, les estivants, d’autres reprennent le chemin du boulot avec le teint pâli de ceux qui n’ont pas quitté le morne horizon de leur quartier postnatal avec tout le stress inhérent aux banlieues malmenées aussi bien par les conditions socio-économiques que les éternels chantiers en jachère. Mais cette année, la rentrée se fait avec deux handicaps supplémentaires et ils sont de taille à décourager les plus déterminés et les plus optimistes.
Le premier handicap, c’est évidemment le mois sacré avec son lot de dépenses superflues et une inflation exagérée aussi bien par la rapacité des marchands spéculateurs que par l’inertie des pouvoirs publics qui ne signalent leur existence que par des imprécations ou des voeux pieux.

Le deuxième écueil, aggravant le premier, est bien évidemment la rentrée scolaire qui grèvera un peu plus le budget familial surtout que les autorités, bienveillantes comme toujours vis-à-vis des bourses modestes, ont prescrit un tablier obligatoire qui donnera un coup de sérieux certain à une école qu’on ne qualifie plus de fondamentale et qui redonnera des couleurs à une industrie textile anémiée par une politique commerciale ouverte à tous les vents. Mais qui dit un tablier peut comprendre deux, si on sait bien qu’à un certain âge on salit et on déchire très vite ses effets. Mais ce n’est pas tout.

Le pauvre salarié, habitué chaque année aux mêmes soucis pécuniaires, connaîtra certainement une désillusion supplémentaire en voyant des nuages noirs s’amonceler au-dessus d’une hypothétique tripartite que l’on annonce déjà depuis des mois de bon augure. C’était trop beau! Déjà un parti politique (qui se prétend des travailleurs) et une organisation syndicale (qui fait comme si...) rivalisent de propositions pour ce que serait le Snmg qui ramènerait une paix sociale fragilisée par le divorce qui existe entre la politique des prix et celle des salaires.

Le parti politique comme l’organisation syndicale n’étant pas crédibles aux yeux et aux oreilles du salarié, l’initiative de Tayeb Louh de lancer une enquête sur la dépense des ménages est interprétée comme un mouvement d’esquive, une manière d’éluder les questions du rapport entre salaires et prix, d’autant plus que certains corps de métiers ont eu des augmentations conséquentes qui relèguent le smicard au-dessous du seuil de pauvreté: cela n’étant pas suffisant, ne voilà-t-il pas que le troisième protagoniste de cette comédie appelée tripartite abat une carte que l’on n’attendait point: prenant pour prétexte les derniers réajustements de politique économique décidés par le législateur, le représentant de la Cgea propose une révision d’un ordre du jour prévu déjà depuis des mois, et attendu impatiemment par ceux qui ont les fins de mois les plus difficiles.

Nul ne peut dire que c’est une invitation au gouvernement à réviser sa politique économique ou bien une manoeuvre qui s’apparente à une menace, surtout quand on connaît la réalité de l’emploi dans notre pays. La fragilisation des entreprises telle que présentée par le patronat poussera-t-elle le gouvernement à modérer ses décisions et l’Ugta à tempérer ses demandes? L’avenir nous le dira.

Selim M’SILI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire