mercredi 2 septembre 2009

Destin-fatalité

Cet avocat proche du chef de l’État sait de quoi il parle. Il n’a dit que ce qu’il se devait de dire en sa qualité de “responsable marketing” de l’action officielle en matière de droits de l’Homme. Que le canal choisi pour faire une telle annonce soit Radio Algérie internationale n’est d’ailleurs pas fortuit.

Maintes fois évoquée clairement ou à demi-mot depuis la campagne de la présidentielle de 1999, l’amnistie générale a toujours été perçue par l’opinion comme le couronnement voulu, logique par ailleurs, à la politique de réconciliation nationale inaugurée cette année-là par la loi sur la concorde civile. Hier, Farouk Ksentini l’a de nouveau évoquée. Pas seulement pour la proposer comme solution finale à la situation d’insécurité induite par un terrorisme qui dure, comme il l’a fait souvent jusqu’ici, mais carrément pour la présenter comme “notre destin”. Comme on ne fuit pas son destin, l’amnistie est donc à nos portes. Ksentini pense qu’un référendum devrait la consacrer dès 2010.

Or, l’on se souvient que Bouteflika, lors de la campagne présidentielle du 9 avril dernier, avait averti que l’amnistie générale ne saurait advenir qu’après l’extinction totale du terrorisme. Ce dernier reprenant visiblement du poil de la bête et ne donnant pas l’impression de s’essouffler, aurait-on décidé de faire fi de ce préalable ? Il est vrai qu’à ce rythme, il y a de quoi désespérer ceux qui réclament cette amnistie à cor et à cri et ceux qui l’attendent en silence risquent de perdre patience.

Président de la Commission nationale de protection et de promotion des droits de l’Homme, cet avocat proche du chef de l’État sait de quoi il parle. Il n’a dit que ce qu’il se devait de dire en sa qualité de “responsable marketing” de l’action officielle en matière de droits de l’Homme. Que le canal choisi pour faire une telle annonce soit Radio Algérie internationale n’est d’ailleurs pas fortuit : certes, on ne devrait pas craindre une levée de boucliers à l’intérieur du pays vu l’étroite marge de manœuvre dont jouit l’opposition, mais il faut toutefois convaincre l’opinion internationale du bien-fondé de l’amnistie générale en Algérie, notamment les organisations des droits de l’Homme qui restent capables, ne l’oublions pas, de faire pression sur leurs gouvernements et de peser au niveau des instances onusiennes afin de les amener à se démarquer d’un tel “abus”.

C’est sans doute l’obstacle, le seul, qui pourrait se dresser devant la concrétisation de “notre destin” qui s’apparente désormais à une fatalité. Et, on le voit, on s’emploie à le lever : la réforme annoncée de la Commission Ksentini vise à la qualifier à sa prochaine mission, la promotion internationale de l’amnistie générale.

Saïd Chekri

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