mercredi 12 octobre 2011

Pr Bouzid, vous n'avez pas tout dit!

Ces deux derniers jours, une présidente d'association et un professeur d'oncologie sont montés au créneau pour défendre nos malades de cancer. A eux deux ils ont fait un boucan tel qu'une partie de la presse nationale et même internationale a relayé leurs cris. Comme notre journal a tiré, bien avant eux, la sonnette d'alarme (voir notre édition du 9 juin 2010 et suivantes) sur les conditions de traitement de nos malades, nous ne pouvons qu'adhérer à une meilleure prise en charge de nos cancéreux. Mais comme ce boucan tourne principalement autour de la radiothérapie qui n'est qu'une partie du protocole thérapeutique (il y a aussi la chimiothérapie et la chirurgie), on s'est légitimement posé la question de savoir pourquoi ces deux voix se sont élevées simultanément et principalement sur la radiothérapie.

, les équipements en place pour la radiothérapie sont nettement insuffisants. De ce fait, de nombreux malades obtiennent des rendez-vous très éloignés. Autant dire, dans le cas de cette maladie qui n'attend pas, qu'ils en sont privés. Le constat de carence dressé par le professeur Bouzid sur les ondes de la Chaîne III et la veille par l'association El Amel qui défend les malades du cancer, est incontestable en matière de radiothérapie. Le professeur Bouzid est le patron du service d'oncologie au Cpmc (hôpital Mustapha d'Alger) depuis de nombreuses années.

L'association El Amel existe depuis presque autant d'années. Le problème d'insuffisance en équipements de radiothérapie existe depuis la même période. Le Pr Bouzid l'a d'ailleurs confirmé. Alors comment expliquer ces deux sorties subites? Une seule raison apparaît. Ils semblent tous deux avoir (enfin!) trouvé la même solution: la prise en charge à l'étranger pour les séances de radiothérapie. A première vue, elle a l'air simple. Mais s'ils ont mis tout ce temps pour la trouver, cela doit être plus compliqué.

En effet, à quel moment du protocole intervient la radiothérapie? Avant la chimio? Pendant? Après? Avant l'intervention chirurgicale? Après? Aucune sommité médicale ne peut, à elle seule, répondre à la question puisque chaque cas de cancer est spécifique et que le protocole précis est fixé par les spécialistes, (oncologues, radiothérapeutes, chirurgiens principalement et bien d'autres spécialistes selon les cas). Chez nous, cette concertation n'est malheureusement pas toujours respectée pour ne pas dire jamais.

Chose que le Pr Bouzid a oublié de dire dans son intervention. Maintenant que nous savons que le traitement d'un malade du cancer est à plusieurs étapes, son transfert à l'étranger uniquement pour l'une de ces étapes, exige des clarifications. Qui va, par exemple, décider du dosage du rayonnement? Le conseil des médecins algériens traitant le malade ou le radiothérapeute étranger? Sachant que cet intervenant étranger n'aura pas participé au protocole thérapeutique du malade. On ne va pas en radiothérapie comme on va en station-service équilibrer les roues d'une voiture et revenir chez le mécanicien pour le moteur.

Ceci dit, la prise en charge à l'étranger a un coût. Des centaines de millions de dollars (frais d'hospitalisation à ne pas oublier). L'Etat a certainement les moyens de payer. C'est très certainement pour cette raison aussi (nous l'avons appris hier) que de nombreux centres de radiothérapie à l'étranger se frottent les mains à l'idée de ce juteux «marché» qui se profile à l'horizon. Sans aucune garantie de la «prestation de service». Qui va contrôler quoi? La défense des malades exige de nous cette question à l'oncologue, le Pr Bouzid: exposez plus clairement les modalités (médicales, s'entend) de la prise en charge à l'étranger des séances de radiothérapie que vous préconisez! Nous avons soif d'apprendre!

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