mercredi 12 octobre 2011

À part ça, tout va bien!

«Tout va bien, hélas!» Abderrahmane Lounès

Il n'y a pas à dire! L'ambiance n'est pas du tout à l'optimisme. Et les nuages noirs menaçants qui se profilent au-dessus de la Bouzaréah n'y sont pour rien. Et que même s'il pleut des hallebardes, le prix de la pomme de terre nouvelle, (celle qui n'a pas encore pourri dans ces frigos qui font monter la tension sur les marchés) restera toujours au-dessus de 50 dinars. Et ce n'est pas mon député qui touche plus de quinze fois mon Snmg (hier encore, son salaire était vingt fois supérieur à la misère qu'espérait toucher ceux qui ont la chance de trouver un emploi) qui s'en plaindra, pour la bonne raison qu'il n'est pas payé pour se plaindre.

D'ailleurs, s'il se plaint, il sera sévèrement puni: il ne pourra plus se présenter aux prochaines élections sur une liste qui est sûre de passer les doigts dans le nez ou plutôt dans les yeux de ceux qui veulent chercher midi à quatorze heures. Ou alors, il ne pourra plus aller se soigner à l'étranger. Il lui sera même interdit de passer dans un autre parti, même dans celui où les élus sont obligés de verser une obole à leur charmante secrétaire générale.

La cause de ce marasme général vient d'ailleurs. La vérité est qu'il pleut toujours où c'est mouillé (c'est du moins l'avis de ceux qui ont interprété les conclusions de la dernière farce, pudiquement appelée tripartite), et que toutes les assurances, consolations et explications qui sont venues après ne satisfont plus personne. Chat échaudé craint l'eau froide! On pourrait ainsi dérouler à l'infini tous les proverbes, adages, maximes et autres aphorismes ou bons mots qui dépeignent si bien l'état d'esprit de ceux qui se sont laissés rouler longtemps dans la farine. «La ronce n'a jamais donné de figues...». La ronce est cette plante épineuse qui croît dans les terrains incultes et forme souvent d'impénétrables buissons autour de propriétés mal entretenues.

La ronce se charge surtout de la poussière des chemins et sa nature est telle qu'elle ne donne que de petits fruits qui, arrivés à maturité, ne font les délices que des petits gamins d'humeur vagabonde. C'est ainsi que le proverbe kabyle avertit qu'il ne faut pas s'attendre à ce que le sel fleurisse ou à une quelconque générosité de la part de ceux qui ont poussé les masses sur les chemins de l'austérité.

L'Algérie est riche, mais la répartition des richesses est telle que la plupart de ses habitants sont pauvres et sont en butte à tous les problèmes de l'existence: emploi, habitat, enseignement, santé, formation et... salaires. Mais il n'y a pas que le problème économique; il y a à l'origine la politique d'urbanisation: l'abandon de certains quartiers à la construction illicite, la prolifération de bidonvilles autour de la capitale due essentiellement à l'exode rural, à l'insécurité qui règne dans les campagnes et au chômage endémique.


Il faut ajouter à cela la crise du logement qui, depuis les premières années de l'Indépendance, ne frappe que les couches les plus défavorisées, et aucune recette miracle jusqu'à présent n'a été trouvée pour résorber ce déficit, véritable hydre aux multiples têtes où s'épanouit la plus ancienne des corruptions.


Le problème de la santé devient plus lancinant: tous les jours parviennent des échos de pénuries de médicaments, de fermetures de services désuets où pourrissent des équipements obsolètes. Des cancéreux agonisent aux portes de ces mouroirs où les personnels soignants laissent planer des menaces de grève face à un ministère euphorique... Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes malgré le retour du Cnapest et autres syndicats frondeurs.


Heureusement qu'il y a des solutions pour sortir ce bon pays de ses ornières: la fermeture de tous les bistrots, n'en est-elle pas une? Ainsi, à côté des marchands à la sauvette (qui ne se sauvent plus d'ailleurs) et des taxis clandestins, nous aurons les bars clandestins ou itinérants, les distilleries clandestines... Il ne manquera au tableau que la prostitution sournoise qui, heureusement, n'existe plus dans notre pur pays. Du moins officiellement.

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